Football malien : pourquoi nos clubs ont-ils du mal à se hisser parmi les meilleurs ?
Après la publication de la liste des 20 meilleurs clubs africains par la CAF, le constat est amer pour les fans du football malien, car aucun club malien n’y figure, même pas ceux qui sont considérés comme les deux mastodontes du football malien (Stade malien et Djoliba Athletic Club).
Cette situation reste inconcevable car aujourd’hui, le Mali reste une référence en Afrique en matière de formation de jeunes talents. En effet, dans les compétitions de jeunes, que ce soit au niveau continental ou international, le Mali figure toujours parmi les meilleurs et les favoris, grâce à la qualité technique et à la production des joueurs maliens sur le terrain. La dernière participation des U20 à la Coupe du monde en Indonésie, ainsi que la récente participation du Mali au tournoi de l’amitié internationale où nos jeunes ont battu la Slovaquie en finale avec un score de 4-0, ainsi que les titres de champion d’Afrique en U17 en 2015 et 2017, et celui en U-20 en 2019, illustrent parfaitement la bonne santé du football malien au niveau des catégories jeunes. Tous ces jeunes talents sont formés dans nos différentes structures de formation (clubs, académies et centres). Cependant, au niveau des compétitions interclubs africaines, le Mali a toujours du mal, malgré le sacre des Blancs de Sotuba en Coupe de la CAF depuis 2009 et la finale perdue par les Rouges de Heremakono en 2012, à se hisser au niveau des grands clubs du continent.
Il est temps que chacun mette son ego de côté pour avancer dans la même direction, dans l’intérêt du football malien. Nous interpellons nos dirigeants car avec le nombre de jeunes talents que regorgent nos clubs, nos académies et nos centres de formation, le Mali n’a rien à envier à personne pour structurer des clubs bien plus performants, et ainsi inscrire le nom du Mali au firmament du football continental.
Pour pallier les difficultés auxquelles le football malien fait face aujourd’hui, le Doyen Djibril Traoré a proposé des pistes de solution lors d’une interview accordée à un journaliste sportif de la radio Rempart il y a près d’un an. Le problème se situe à trois niveaux (la FEMAFOOT, les supporters et les dirigeants des clubs), selon lui. Selon ses explications, aucune de ces trois entités ne remplit pleinement son rôle. Premièrement, tant que l’instance dirigeante du football malien (FEMAFOOT) n’assume pas son rôle pour professionnaliser le football malien, il sera très difficile voire impossible pour nos clubs d’atteindre les niveaux souhaités. Deuxièmement, les supporters ne comprennent pas que les clubs leur appartiennent et qu’ils ont besoin de leur soutien financier, ce qui rendra difficile l’émergence des clubs maliens. « Au lieu de soutenir leur club, les supporters maliens cherchent à en tirer profit », a-t-il souligné. Il ajoute qu’aucun club populaire malien ne peut compter sur 10 000 supporters qui contribueraient chacun avec 10 000 FCFA par an pour aider le club.
Troisièmement, il met en avant la mauvaise structuration de nos clubs. Il est impératif de structurer les clubs et de mettre chacun à sa place pour lui permettre de jouer convenablement son rôle. Par ailleurs, il a dénoncé plusieurs pratiques de nos dirigeants qui ne mènent à rien, comme les querelles interminables pour la gestion de la FEMAFOOT et la vente prématurée de nos jeunes talents pour des sommes dérisoires (20 à 30 millions de FCFA), alors que si on les conserve et qu’on parvient à atteindre les phases de poules de la Ligue des champions, on pourrait obtenir jusqu’à 300 000 000 de FCFA. Selon lui, le problème du football malien n’est pas une question de chance. Depuis 1997, le Mali n’a pas réussi à se qualifier pour la phase de groupes de la Ligue des champions d’Afrique. Tous les autres y sont parvenus, sauf nous. Nous devons nous interroger sur les raisons de cet échec.
Ousmane Fofana
mali24