Histoire du roi Baki: LA VENGEANCE EST UN PLAT QUI SE MANGE FROID
Baki était un roi brutal et sanguinaire. Il faisait régner la terreur dans son royaume et disposait du pouvoir de vie et demort sur ses sujets. Il était ivre de sa toute-puissance et ne ratait aucune occasion de l’exercer. Chaque fois qu’ilrepérait une jolie fille dans un village, il envoyait ses troupes en faire le sac et lui ramener la belle qui venait grossir lesrangs de son harem. Le despote possédait une quarantaine d’épouses. De petite taille et laid, Baki dont le couressemblait à un tronc d’arbre, avait un physique repoussant.
Un jour, dans l’après-midi, le roi Baki était assis sur son trône, entouré de sa cour. L’animation était assurée par les griotsqui rivalisaient de talent dans des airs à la gloire du souverain. Les hommes étaient des virtuoses du n’goni, leursépouses des cantatrices émérites dont les chansons magnifiaient les hauts faits d’armes de la troupe du roi Baki.
Pendant que le roi tout-puissant savourait ses propres louanges, un oiseau survola le village en poussant des cris stridents qui l’incommodèrent. Sa Majesté ordonna à sa garde de lui ramener cet oiseau qui avait eu l’outrecuidance delui faire perdre quelques notes de ses louanges. L’oiseau coupable de cet acte de lèse-majesté, était une espèce vivantgénéralement non loin des villages. La valetaille le prit en chasse et lui mit le grappin dessus à quelques encabluresdu village où il avait atterri.
Lorsque l’oiseau lui fut apporté, le roi Baki lui dépluma le dos et y assena un gros coup de poing avant de le laissers’envoler. L’oiseau prit son envol en criant : « le pouvoir, le pouvoir ». Et le roi Baki s’écria : « Voyez-vous ! Même lesoiseaux reconnaissent mon autorité ». Sa cour acquiesça dans une rumeur d’approbation. Gorodi, le chef des griotssaisit la balle
au bond et se lança dans une de ces envolées dithyrambiques dont il avait le secret pour gonfler davantage l’égo de son roi, déjà gros comme une montagne. « Ton pouvoir n’est pas un oiseau assis sur une branche d’arbre et qui peuts’envoler à chaque instant. Comme un baobab, il plonge profondément ses racines dans le sol sur lequel tes ancêtres ontrégné avant toi. Ton autorité est sans limite. Fais tout ce qui te plait et élimine tous ceux qui contrarieront tonpouvoir. Oh mon roi ! » A ces mots, le roi Baki se leva de son trône et tira un coup de feu en l’air, imité par sa gardeprétorienne. La fusillade fit répandre l’odeur âcre de la poudre à canon dans la cour royale, enveloppée dans un nuagede fumée.
A suivre…
B. Touré
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