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Ibrahima Diawara au panel du ‘’Mois du Consommer Local’’: « Sans mesures courageuses, le Mali risque de voir disparaître ses industries au profit des importations »

L’État doit inciter les commerçants à investir dans la production locale et mettre en œuvre des réformes ambitieuses et cohérentes visant à soutenir la production locale et à renforcer la transformation industrielle. Conviction de l’entrepreneur Ibrahima Diawara qu’il a exprimée lors du panel sur le thème : « Mois du Consommer Local, de 2019 à nos jours, bilan, défis et perspectives». Une rencontre des acteurs de l’économie malienne organisée par la Chambre de commerce et d’industrie du Mali (CCIM) en collaboration avec la Direction générale du commerce, de la consommation et de la concurrence, le jeudi 15 octobre au siège de la CCIM.

  1. Diawara a salué l’engagement du gouvernement malien, à travers le ministère de l’Industrie et du Commerce, pour le soutien apporté aux unités de production locale, notamment dans le secteur des pâtes alimentaires en pleine expansion. Cependant, il a rappelé que ces efforts restent insuffisants pour atteindre une véritable autonomie productive. Car le Mali, selon les données fournies par la Direction nationale de l’Industrie, compte plus de 1 000 unités industrielles, dont 60 à 70 % de boulangeries, 127 huileries et une centaine d’imprimeries. Mais, dans les faits, le pays ne disposerait que d’environ 200 vraies entreprises industrielles. En comparaison, il y en a 6 000 au Sénégal et 8 000 en Côte d’Ivoire. Cette différence, selon Diawara s’explique par plusieurs facteurs dont le caractère enclavé du Mali, les coûts logistiques élevés, l’insuffisance des infrastructures industrielles et une faible attractivité pour les investisseurs étrangers.

Face à ce constat, Ibrahima Diawara appelle à la mise en œuvre de réformes ambitieuses et cohérentes visant à soutenir la production locale et à renforcer la transformation industrielle. Pour illustrer son propos, il a évoqué l’exemple de la Chine qui, il y a trente ans, exportait des produits considérés comme « bas de gamme ». Aujourd’hui, elle est premier fabricant mondial d’automobiles et produit des biens de haute qualité. Ce succès, selon lui est le fruit d’une politique économique audacieuse comme la protection des industries nationales, la limitation des importations, le droits de douane allant jusqu’à 300 à 400 % et l’incitation des multinationales à produire sur place. Comme résultat, des millions d’emplois ont été créés, le tissu industriel est devenu plus solide et la souveraineté économique a été renforcée.

Pour l’entrepreneur  Ibrahim Diawara, la leçon est claire : l’État doit protéger ses industriels afin d’inciter les commerçants et entrepreneurs à investir dans la production locale. « Importer, c’est aussi importer le chômage et affaiblir notre économie locale », a-t-il martelé. Au Mali, les entreprises locales ne peuvent pas rivaliser avec les multinationales, dont certaines sont plus riches que l’État malien lui-même, voire plusieurs pays de la sous-région réunis. Diawara a affirmé que sans mesures courageuses, le Mali risque de voir disparaître ses industries locales au profit des importations étrangères, plus rentables à court terme. Il rappelle que même les États-Unis, pourtant première puissance mondiale, pratiquent le protectionnisme pour préserver leur industrie. Ainsi, il a invité le Mali à assumer une politique de protection économique, sans complexes, afin de stimuler l’industrie nationale, créer des emplois, lutter contre la pauvreté et réduire l’insécurité, conséquence directe du chômage massif.

L’intervention d’Ibrahima Diawara est comme un appel à un sursaut industriel national. Consommer local ne doit pas être un simple slogan, mais une stratégie d’État, soutenue par des réformes, une protection intelligente et une véritable vision de souveraineté économique.

Le challenger

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