Il était une fois…: Le chemin de fer Dakar-Niger
La ligne de chemin de fer ainsi appelée comptabilise près d’un siècle et un quart d’histoire. Faits marquants.
L’histoire du Dakar-Niger remonte au XIX e siècle. La France veut faire du chemin de fer un instrument d’exploitation coloniale, dans ce qu’on appelle alors le Soudan français (actuel Mali). En 1880, le Parlement français décide de construire plusieurs axes ferroviaires, dont le Dakar-Niger, inauguré le 13 mai 1904. A cette époque, le « Dakar-Niger » part de la gare routière de la capitale sénégalaise – une bâtisse de l’époque coloniale coiffée d’un toit de tuiles rouges – pour la ville de Thiès, « capitale du rail », siège de la régie des chemins de fer du Sénégal. De là, il se rend à Diourbel, fief de la confrérie mouride, puis s’arrête dans les villes du bassin arachidier comme Kaffrine, Kaolack, Guiguinéo, et continue sur Tambacounda, puis Kidira, dernière cité sénégalaise avant l’entrée en territoire malien. Outre le transport des arachides, le train convoie des voyageurs, qui se rendent au Mali pour acheter de la noix de cola, du tamarin, de l’encens, des fruits secs, des dattes, des céréales ou encore des légumes. Dans les villes où le Dakar –Bamako effectue des haltes, c’est l’effervescence, des marchands envahissent les quais.
Du Mali, sur le chemin du retour, embarquent souvent des travailleurs décidés à rejoindre ‘’l’eldorado’’ sénégalais. De cette époque date l’installation de beaucoup de familles maliennes au Sénégal. Le tronçon connaît son heure de gloire avant de décliner au début des années soixante, après l’éclatement, le 20 août 1960, de la Fédération du Mali qui liait les deux pays.
A la suite de cette rupture, le Mali met sur pied, le 29 novembre 1960, sa propre société de gestion du chemin de fer. Naissent alors les premières difficultés financières sur la ligne. En 1962, la signature d’un accord par lequel les deux Etats décident d’exploiter en commun le chemin de fer n’y fera rien.
On ne saurait parler du DN sans évoquer le fameux épisode de la grève qui paralysa le trafic pendant de longues semaines. En effet, entre le 10 octobre 1947 et le 19 mars 1948, le chemin de fer connaît une grève qui mobilise près de 20 000 cheminots dans toute l’Afrique occidentale. Ils revendiquent un statut unique pour tous les travailleurs de la régie. Les grévistes obtiennent gain de cause au terme d’un bras de fer épique avec l’administration coloniale. Un mouvement syndical ouvrier est né dans cette partie du continent.
Mohamed Koné
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