Insurrection des consciences africaines : Bara Seck, un écrivain sénégalais à Paris, évoque dans son livre la refondation de la transition malienne comme un modèle.
Le livre d’intitule ‘Insurrection des consciences africaines’ de Bara Seck, un écrivain sénégalais basé à Paris, consacre certains extraits à la situation au Mali. Voici quelques extraits relatifs au Mali. »
« Les populations africaines ont à de nombreuses occasions fait la preuve de leur capacité à faire trembler et à déboulonner des régimes parmi les plus redoutables. La chute sans effusion de sang, en août 2020, du pouvoir clanique et incompétent du Président malien Ibrahim Boubacar Keïta en est l’exemple le plus récent. Avant cela, d’autres régimes autocratiques, comme ceux de Zine el-Abidine Ben Ali en Tunisie et de Blaise Compaoré au Burkina Faso, ont été emportés par des raz-de-marée populaires. Les populations africaines doivent désormais faire montre de la même intransigeance pour imposer la transparence comme un préalable à toute légitimation démocratique. Car à défaut de pouvoir exiger la compétence et la probité à nos classes politiques, il faut les astreindre à une redevabilité permanente. Cet encadrement de la légitimité électorale doit être accompagné d’une redéfinition des missions de l’État. Il faut rationaliser nos institutions en recentrant l’État sur ses prérogatives de souveraineté. »
« Il existe quelques signes, encore timides, de volonté de rupture de la part de certains gouvernants. Que ce soit par réelle conviction ou par pur opportunisme, il faut reconnaître que tous ces actes allant dans le sens de changements radicaux sont posés sous l’impulsion des masses. En effet, une certaine prise de conscience est en œuvre. On voit à l’échelle de chaque pays et au niveau continental l’arrivée sur la scène publique de nouveaux acteurs partisans de changements radicaux. Il convient cependant de reconnaître qu’il existe différentes approches et différents modèles qui pourront à terme converger vers le même objectif. Le Mali et le Sénégal constituent, à cet effet, deux parfaits laboratoires dont pourraient s’inspirer les autres pays en fonction de leurs spécificités. Le modèle malien, c’est celui d’un long processus de transition militaire assise sur un large consensus populaire. Les autorités de la transition veulent tirer les leçons de trente années d’errance démocratique qui ont conduit à une faillite totale de l’État. Quel que soit le modèle considéré, la refondation devra se faire sur la base de principes clairs et d’un consensus populaire. Et nous devons tous prendre conscience de l’ampleur et de la complexité de la tâche qui engage la responsabilité de toute notre génération. »
« L’instabilité politique sera le prix à payer pour débarrasser nos pays des médiocraties qui les souillent actuellement. Il faut se débarrasser sans ménagement des pouvoirs corrompus, comme ce fut le cas au Mali avec le régime d’Ibrahim Boubacar Keïta ou au Burkina Faso avec la mafia des Compaoré. Il faut surtout se tenir prêts à recommencer autant de fois que nécessaire, car une instabilité consentie sera toujours préférable à la dictature même la plus douce. L’isolement économique, voire la mise sous embargo, sera la rançon que doivent payer tous les peuples désireux de reconquérir leur souveraineté. Une remise en question des multiples accords, conventions et autres traités qui nous lient est devenue indispensable. Nous pensons que nos rapports avec les organisations (fonds, programmes et institutions) des Nations unies doivent rapidement être réexaminés. Dans L’Empire de la honte, Jean Ziegler appelant à une « insurrection des consciences » dénonce les relations ambivalentes entre l’ONU et les « féodalités capitalistes » qui prospèrent grâce à la faim et à la dette. »
Source : Livre : »Insurrections des consciences africaines »