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Journée mondiale des compétences des jeunes : l’écrivaine Aicha Diarra, nominée femme d’impact dans la catégorie littéraire

Le 15 juillet a été proclamée par l’Assemblée générale des Nations Unies en 2014, Journée mondiale des compétences des jeunes. Une belle occasion de mettre les jeunes qui se distinguent dans différents domaines par leurs talents. Dans le cadre de cette journée, la Rubrique femmes de Mali24 a rencontré Mme Touré Aicha Diarra, écrivaine et directrice des Editions Gafé. Entrepreneure culturelle, elle est l’une des plus jeunes éditrices au Mali. Dynamique, elle a publié son premier livre à l’âge de 17 ans. Nominée femme d’impact 2025 dans la catégorie littéraire, Aicha Diarra œuvre pour la promotion et la mise en œuvre des aspirations profondes des femmes et des jeunes à plus de liberté, de justice, d’équité sociale et surtout d’emploi. Organisatrice depuis 2019 à travers le réseau des écrivaines du Mali, de la célébration de l’écriture féminine, elle a présidé la commission « Livre/Edition » aux Etats généraux de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme, tenue du 09 au 11 janvier 2025.

Quel est votre parcours scolaire ?

J’ai effectué l’ensemble de mes études au Mali, une maitrise en anglais et un mster en Marketing Communication obtenu entre l’Institut Universitaire de Gestion de Bamako et l’université bilingue ECOB.

Mon engagement dans la promotion du livre m’a permise de représenter le Mali dans plusieurs fora et rencontres de haut niveau à travers le monde ainsi que dans plusieurs regroupements nationaux et internationaux dédiés au livre et à l’éducation.

En 2022, j’ai été retenue par le Ministère de l’Artisanat, de la Culture, de l’Industrie hôtelière et du Tourisme comme membre du comité d’élaboration de la politique nationale du livre.

Pouvez-vous nous parler de votre vie associative ?

En 2019, j’étais chargée de communication de la Fédération des Artistes du Mali (FEDAMA) la plus grande faitière de culture au Mali  et chargée du volet jeunesse des Centres PEN Francophone de l’Afrique de l’Ouest.

En 2020, je suis devenue Secrétaire Générale du Réseau des Écrivaines du Mali et de la diaspora.

De 2021 à 2022, j’ai occupé le poste de responsable de la Médiathèque de l’Institut Français que j’ai volontairement quitté pour mes diverses activités. Ce qui ne m’empêche pas de participer activement aux événements de l’Institut Français.

A travers l’Association « Voix du Mali » que je préside actuellement, j’ai organisé plusieurs activités et colloques sur les Droits de l’Homme.

D’où est né votre amour pour l’écriture ?

L’idée de l’écriture m’est d’abord venue de manière inconsciente à travers les contes que nous appelons au Mali ‘’N’Jiri’’. Dans la grande famille où j’ai passé la majeure partie de mon enfance, on assistait presqu’à chaque soir lors des weekends à des soirées animées par un adulte qui nous contait autour du feu des histoires qui tournaient généralement autour des marâtres méchantes en leur réservant une fin tragique, et une fin heureuse aux enfants victimes. J’étais émerveillée et je me disais qu’il ou elle a vraiment vu les scènes se réaliser, tant la personne articulait bien les mots avec beaucoup d’assurance. Cet aspect n’est pas à négliger, car il réveillait en moi un ensemble de phénomènes et de fibres littéraires que je ressentais de temps à temps car je me surprenais à transcrire sur papier ces bouts d’histoires sur les dernières pages de mes cahiers ou des feuilles volantes que personne n’utilisait.

Le deuxième aspect, est que mes parents me ramenaient souvent des livres. J’ai grandi, entouré de livres. La chose qui m’a le plus marquée c’est le poème « Demain dès l’aube » de Victor Hugo, qui a été donné en classe de 6ème, là je découvrais un poème dans le sens propre du terme, j’ai commencé par imiter ce poème.

Quels sont vos œuvres littéraires ?

Je suis auteure de plusieurs ouvrages à savoir :

– Les Larmes de la Tombe, La Sahélienne /L’Harmattan, 2012

– La laïcité expliquée aux jeunes, Malivaleurs/ Fondation Doen 2012

– De la poésie à la prophétie, La Sahélienne, 2015 (Prix David Diop 2021)

– Les Marabouts se sont trompés, La Sahélienne, 2017

– Ouvrage collectif en hommage à Ramata Diarra, fillette albinos tuée à Fana, Editions Gafé 2018

– Ouvrage collectif « Paix et cohésion sociale au Mali », Editions Gafé 2024

Pourquoi la création d’une maison d’édition ?

J’ai eu beaucoup de difficultés à me faire éditer. Je n’avais personne qui puisse me consacrer du temps pour lire mes écrits, à fortiori de donner son appréciation.

En rencontrant le directeur des Editions la Sahélienne, j’ai eu une très bonne collaboration avec lui et publié mes trois premiers livres. J’ai travaillé dans différents endroits et ensuite j’ai travaillé aux Editions la Sahélienne puisque je suis aussi infographe. C’est après que j’ai décidé de créer les Editions Gafé pour que d’autres jeunes ne traversent pas la même chose que moi. Je l’ai ouverte pour promouvoir le talent des jeunes, nos langues nationales, car c’est une conviction pour moi qu’aucun pays ne peut se développer sans la promotion des langues nationales, sans écrire, faire des recherches dans les langues nationales.

Les Editions Gafé ont édité à peu près une cinquantaine de livres. Avec mes auteurs, on arrive à développer une certaine familiarité, ils se sentent surtout en confiance avec moi. On oublie souvent le livre et on parle d’autres aspects de la vie et on collabore souvent dans leurs activités au-delà du livre. Il y a souvent des moments de tensions avec certains auteurs qui ne sont pas très favorables quand il s’agit d’améliorer quelques idées du livre.

Quelles sont vos ambitions pour l’écriture malienne ?

A travers ma maison d’édition, j’œuvre particulièrement pour la promotion du riche patrimoine littéraire de l’oralité mandingue en matière de contes pour enfants et ouvrant sur le bilinguisme français/bamanan kan, avec l’usage et la promotion de l’écriture nko, conçue pour transcrire avec exactitude les voyelles, les consonnes, les tons des langues mandingues, exactitude à laquelle l’alphabet latin ne peut prétendre.

J’ai initié à travers ma maison d’édition, un important projet de production du patrimoine pédagogique : des livres audios, une première au Mali, qui sont disponibles en format papier, et numérique, ayant fait objet de plusieurs séances de projection au Mali en salle de cinéma et dans quelques pays en Afrique dont : le Congo Brazzaville (au centre d’Art contemporain, Atelier Sahm), la Guinée Conakry (pendant le festival international du livre et des Auteurs) etc.

Comment vous vous sentez après votre nomination comme femme d’impact ?

Pour ma nomination en tant que femme d’impact dans la catégorie littérature, cela a été un honneur, un immense plaisir. Surtout dans un contexte où les distinctions se font rares dans certains domaines. C’est carrément un honneur. Je félicite les organisateurs qui ne se basent pas sur du buzz inutile mais surtout prônent l’excellence. Je les remercie d’avoir pensé aux talents littéraires.

Je suis également récipiendaire de plusieurs distinctions :

– Médaillée d’or en football féminin NORWAY CUP 2008 (Coupe du monde des -14 ans)

– Reconnaissance du Mérite professionnelle (Malivaleurs) 2018

– Reconnaissance sacrée de la Jeunesse intellectuelle d’Afrique 2019

– Prix ONU FEMME (Soutien à la création littéraire et Artistique) 2020

– Prix David Diop de la Poésie (au Sénégal) 2021

– Prix d’encouragement à l’Edition Africaine (au Gabon) Festival International du Livre du Livre et des Arts du Gabon – FILIGA 2023)

– Lauréate de la 5ème édition du trophée Magazine à la découverte des leader (Mali 2023)

– Médaille de la francophonie décernée par les sept pays partenaires de l’édition 2023 de la Francophonie (Belgique, Benin, Suisse, France, Roumanie, Liban, Luxembourg).

Des conseils aux jeunes ?

Aux jeunes qui souhaitent faire carrière dans l’écriture, je leur dirai d’apprendre, de lire et surtout d’être humbles dans tout ce que nous entamons dans la vie. Que ce soit dans le domaine de la littérature ou d’autres domaines de la vie.

Propos recueillis par Kada Tandina

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