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Justice : L’heure de la rupture !

L’engagement du Mali en faveur d’une justice renouvelée a été mis en lumière lors de la participation du ministre Mamoudou Kassogué à l’émission télévisée Mali Kura Taasira 3 le 16 juin 2025. À cette occasion, il a dressé un bilan sans concession mais optimiste des efforts de refondation judiciaire. Le ministre a affirmé une rupture claire avec l’ère de l’impunité, déclarant qu’«il n’y a plus d’intouchables au Mali». Cette position s’appuie sur des résultats tangibles : plus de 166 milliards de FCFA de biens saisis et des procédures engagées dans les domaines minier, économique et financier, avec 3,5 milliards de FCFA recouvrés en 2024 dans la lutte contre la corruption.

Cette volonté de transparence et d’efficacité se traduit par l’activation de pôles spécialisés (contre la corruption, la cybercriminalité, le terrorisme) et la création de nouvelles juridictions, à l’instar de la Cour administrative d’appel. Le ministre a souligné que sept nouvelles structures judiciaires sont désormais opérationnelles, renforçant ainsi la capacité du système à traiter des affaires complexes.

Au-delà des aspects techniques, Mamoudou Kassogué a insisté sur l’alignement de cette démarche avec les aspirations du peuple malien, exprimées lors des Assises nationales de la refondation, notamment la quête d’une justice plus proche des citoyens. Pour améliorer l’accès à la justice et la confiance citoyenne, une ligne verte « Bingani-Kunafoni » a été mise en place, recevant plus de 450 appels en six mois, démontrant l’engagement du ministère à réduire le fossé entre la justice « réelle » et la justice « perçue ». L’AES vers une souveraineté judiciaire collective

La vision d’une justice forte et indépendante dépasse les frontières du Mali pour s’inscrire désormais dans une dynamique régionale. C’est ce que donne à lire la première réunion des ministres de la Justice de l’AES, tenue à Bamako du 29 au 30 mai 2025. Cette renxonrre a marqué une étape décisive dans l’intégration judiciaire des trois États membres (Mali, Burkina Faso, Niger).

L’objectif de cette confédération est de bâtir un espace judiciaire commun capable de relever les défis transfrontaliers tels que le terrorisme, la criminalité organisée et la corruption. Un plan d’action est en cours d’élaboration, prévoyant l’harmonisation des législations en matière pénale, économique et sécuritaire ; la mise en place de mécanismes communs d’entraide judiciaire et d’exécution des décisions ; la création d’un cadre institutionnel permanent de concertation judiciaire au sein de l’AES.

Comme l’a résumé Mamoudou Kassogué à l’issue de cette rencontre : «Aucun criminel ne doit trouver refuge dans l’espace AES», ajoutant que la justice «doit être le socle de notre projet de souveraineté collective». Cette initiative reflète un changement de paradigme pour les pays sahéliens, qui souhaitent reprendre le contrôle de leur droit, de leurs procédures et de leur sécurité juridique, s’affranchissant des dépendances passées.

Défis et perspectives

Si ces réformes sont saluées pour leur audace, des défis subsistent, notamment la capacité du système judiciaire à incarner pleinement la justice sociale dans les territoires reculés, où la présence de l’État reste parfois limitée. La formation des magistrats, la digitalisation des procédures et la déconcentration des tribunaux sont des chantiers essentiels pour consolider ces acquis.

Cette dynamique judiciaire dans l’AES soulève des questions universelles sur la reconstruction de l’État après des périodes de fragilité, le rétablissement de la confiance citoyenne dans les institutions et l’utilisation de la justice comme un instrument de stabilité. Le Mali et ses partenaires expérimentent une voie qui pourrait inspirer d’autres régions confrontées à des défis similaires, démontrant que la souveraineté peut rimer avec responsabilité.

La Rédaction

L’aube

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