L’ancien premier ministre Soumana Sako à propos de la dissolution des partis politiques : « Il est illusoire de tenter d’étouffer tout débat public… »
Désormais condamnés à s’exprimer en tant que simple citoyen, les hommes politiques multiplient les communiqués et déclarations. Souvent en tant qu’avocat, ancien premier ministre, mais jamais de président de parti politique. La dissolution des partis politiques et associations à caractère politique par les autorités de la Transition est passée par-là. Disparu des radars depuis un bon moment, l’ancien Premier ministre de la Transition 1991-1992 en profite, lui, pour sortir de son mutisme. Il s’y est pris par un communiqué de presse en date du 22 Mai, dans lequel il remet en question la dissolution des partis politiques. Selon lui, la mesure remet tout simplement «en cause l’un des acquis majeurs de la Révolution démocratique et populaire du 26 mars 1991 arrachés au prix de la sueur, des larmes et du sang de centaines de nos compatriotes». En tentant de faire passer des défis de gouvernance pour un échec de la démocratie et des acteurs politiques, les autorités s’engagent, dans une voie sans issue, selon l’ancien PM pour qui «Il est illusoire de tenter d’étouffer tout débat public sur les enjeux multisectoriels auxquels le peuple malien est confronté, y compris la nécessité d’un calendrier réaliste pour un retour à l’ordre constitutionnel. Et ça n’est pas tout. Toujours selon « Zou », « tenter de limiter par le fait du Prince le nombre de Partis politiques relève de la quadrature du cercle d’autant plus que l’émiettement de la superstructure politique est largement le reflet de l’émiettement du substrat économique et social de notre pays».
Quant à obliger l’ensemble des forces politiques et sociales à se ranger sous 2 ou 3 bannières politico-idéologiques, aux yeux de Soumana Sako, cela tient d’une «mission impossible». Il s’associe par conséquent à la démarche du pool d’avocats ayant intenté des actions en justice en annulation du décret présidentiel y afférent. Et de rappeler au passage que la justice malienne est mise face à ses responsabilités constitutionnelles, de sentinelle du droit et des droits des citoyens.
S’adressant à ceux qui font le procès de l’ère démocratiques, qu’il qualifié de chantres de la Restauration CMLN/UDPM, il dira ceci : «au regard de tous les indicateurs du développement socio-économique, la période post-26 mars 1991 marque un progrès incontestable par rapport aux vingt-trois années qui l’ont précédée, lesquelles se résument globalement à un gros trou noir dans le processus d’évolution de notre pays». Et de rappeler au passage l’époque des «karata bougounis», de l’exode massif des enseignants, de l’état de délabrement de l’Armée tel que décrit par le Chef de l’Etat lui-même dans son discours à la Nation dans la nuit du 28 février 1978 annonçant l’arrestation de la fameuse « bande des 3 » ainsi que le marasme économique, financier et social ayant «déstructuré le tissu social et mis à mal les valeurs morales, d’où la Charte d’orientation nationale et de moralisation de la vie publique de 1986», avant d’inviter les Maliens à la sauvegarde du pluralisme démocratique et à l’alternance par des voies exclusivement constitutionnelles.
Amidou KEITA
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