Liberté de la Presse : le Mali peine à retrouver sa place d’antan
La communauté internationale a célébré, le 03 mai 2025, la Journée mondiale de la liberté de presse sous le thème « informer dans un monde complexe : l’impact de l’intelligence artificielle sur la liberté de la Presse et les médias ». Et comme chaque année, la date a été marquée par la publication du classement mondial de la liberté de la presse par Reporter Sans Frontières. Et c’est la Norvège qui conserve, pour la 9e année consécutive, la palme de ce classement, suivie de l’Estonie et des Pays-Bas en lieu et place du Danemark et de la Suède en 2024. Selon le bilan de RSF sur la liberté de la presse 2025, le trio de tête africain est composé de l’Afrique du Sud, la Namibie et la Cap Vert, respectivement 27e, 28e et 30e rang mondial. La Mauritanie, qui occupait la 1ère place en 2024 chute à la 6e place africaine et 50e mondial. Le Rwanda, le Soudan et l’Egypte, pays où « la liberté de la presse est totalement absente et où exercer le journalisme est particulièrement dangereux », selon RSF, ferment le classement d’Afrique. En fin, de classement, l’Afghanistan, la Syrie et l’Erythrée, qui occupaient les trois dernières places en 2024 se voient suppléer cette année par le Vietnam, le Turkménistan et l’Afghanistan.
En Afrique de l’Ouest, selon RSF la situation, déjà difficile par les contraintes économiques, s’est aggravée par les conditions sécuritaires. Dans la jeune Confédération sahélienne, la censure plus ou moins assumée, l’interdiction pure et simple de diffusion de certains médias, les arrestations et disparitions forcées de journalistes sont monnaie courante.
Sur l’espace de l’Alliance des Etats du Sahel, le Mali qui occupe la 119e place du classement mondial) a reculé de cinq places. Parmi les faits dénoncés par RSF figurent «la suspension de Joliba TV en fin 2024 par la HAC, la répression des journalistes, la volonté des autorités maliennes de restreindre les espaces de liberté d’expression». RSF rappelle aussi les graves atteintes à la sécurité des professionnels des médias ainsi décrites : “ l’enlèvement du reporter français Olivier Dubois à Gao en avril 2021, l’assassinat du journaliste Abdoul Aziz Djibrilla, l’enlèvement de deux de ses confrères en novembre 2023 et surtout la disparition, en 2016, du journaliste Birama Touré. L’épisode du confrère Alfousseiny Togo, placé sous mandat de dépôt par le procureur anti-cybercriminalité, est vraisemblablement intervenu après la rédaction du rapport, lequel ne mentionne pas non plus les cas d’autres journalistes maliens intimidés par des moyens judiciaires.
Dans les autres pays de notre Confédération, la situation s’est dégradée également. Pour preuve, selon le contenu du rapport de RSF, le Burkina passe de la 86e à la 105e place, soit une chute de 19 rangs. RSF évoque notamment un climat d’intimidation croissante depuis les deux coups d’État de 2022. “Depuis l’arrivée au pouvoir d’Ibrahim Traoré, la liberté de la presse s’est considérablement détériorée”, indique ainsi le rapport, en notant que la détérioration se traduit par “la suspension de médias, des exils forcés et l’intimidation des hommes de médias”. Selon les dénonciations de l’organisation “La junte au pouvoir n’hésite pas à museler les médias étrangers : en 2024, au moins dix d’entre eux, dont Jeune Afrique, Deutsche Welle (DW) et The Guardian, ont été suspendus, pour une durée déterminée ou jusqu’à nouvel ordre. Le pouvoir intimide aussi les journalistes locaux, en témoigne la suspension pendant un mois de Radio Omega en août 2023. Une dizaine de journalistes burkinabè ont été contraints à l’exil depuis l’arrivée au pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré”.
Au Niger, bien que le pays ait connu un coup d’État en 2023, la dégradation reste relative : il recule légèrement de la 80e à la 83e place. Néanmoins, RSF met en lumière plusieurs violations et atteintes à la liberté de la presse dont coup d’État de juillet 2023 est taxé d’être «le catalyseur». L’organisation cite notamment “le retrait de l’autorisation d’exercice de la Maison de la Presse par le ministère de l’Intérieur en janvier 2024. Nonobstant, le Niger occupe un rang plus honorable dans l’AES, suivi premier du Burkina dans l’AES. Et comme l’année derrière le Mali, naguère cité parmi les exemples de démocratie, dans les années 2000, occupe la dernière place de ce classement à trois.
Quant au voisin guinéen, la situation est encore catastrophique. Le pays qui occupait la 78e passe à la 103e place au niveau mondial, reculant de 25 places suite à la suspension de quatre radios et deux télévisions en 2024.
Amidou Keita
Le Témoin
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