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Lutte pour l’indépendance du Mali : ces Actrices de l’ombre presqu’oubliées des récits officiels

Actrices de la mobilisation populaire, relais de l’information, militantes infatigables, les femmes maliennes ont été à la fois le cur et la voix dun peuple en quête de liberté. Les contributions des figures féminines à la lutte pour l’accession la souveraineté nationale et internationale restent largement ignorées dans les récits officiels. Ces actrices de lombre méritent leur place dans l’histoire de l’indépendance. 

22 septembre 1960-22 septembre 2025 ! Il y a 65 ans, la République du Mali accédait à la souveraineté nationale et internationale. Quand on évoque la lutte pour lindépendance du Mali, les figures masculines dominent souvent le récit historique : Mamadou Konaté, Modibo Keïta ou encore Fily Dabo Sissoko. Pourtant, dans lombre de ces leaders politiques, des milliers de femmes maliennes ont joué un rôle décisif dans la libération du pays à travers un engagement politique, social et communautaire. Actrices de la mobilisation populaire, relais de l’information, militantes infatigables, elles ont été à la fois le cur et la voix dun peuple en quête de liberté.

Un engagement silencieux mais décisif

Durant la période coloniale, et surtout à partir des années 1940-1950, les femmes maliennes participent activement à l’éveil politique. Alors que les partis comme l’Union Soudanaise- Rassemblement Démocratique Africain (US-RDA) se renforcent, les femmes ne se contentent pas dun rôle d’observatrices. Elles prennent part aux réunions politiques, distribuent des tracts, organisent des grèves, et manifestent contre les injustices coloniales.

Dans les zones rurales comme dans les villes, elles s’organisent en collectif. Leur rôle est à la fois logistique, émotionnel et politique. C’est dans ce quotidien de lutte que beaucoup de femmes deviennent les piliers invisibles de l’indépendance à venir.

Aoua Kéita, une pionnière dans un monde dominé par des hommes

Parmi ces nombreuses militantes, Mme Aoua Kéita (née le 12 juillet 1912 à Bamako et décédée le 7 mai 1980) se distingue particulièrement par son engagement politique et syndical. Sage-femme de formation, elle résiste à toute sorte de brimade notamment des mutations arbitraires de l’administration coloniale. Mme Aoua Kéita devient la première femme malienne élue députée à L’assemblée nationale française en 1959. Membre active de lUS-RDA, elle milite pour l’émancipation des femmes et l’indépendance du pays, avec une détermination qui force le respect dans une société encore profondément patriarcale.

Son autobiographie, Femme d’Afrique, publiée en 1975, reste un témoignage unique sur la condition féminine au Mali à l’époque coloniale, mais aussi sur le rôle des femmes dans la lutte politique. À travers son parcours, c’est toute une génération de femmes courageuses et engagées qui prend vie.

La culture comme arme de résistance

Au-delà de l’action politique directe, les femmes ont aussi utilisé la culture comme moyen de mobilisation. Les chanteuses, les griottes et les conteuses ont diffusé les idéaux nationalistes à travers leurs chants et récits. Fanta Damba, célèbre griotte malienne, a par exemple contribué à éveiller les consciences à travers des chansons engagées, qui glorifient les leaders nationalistes tout en appelant à la fin de la domination coloniale.

Des femmes toujours en quête de reconnaissance

L’indépendance du Mali, proclamée le 22 septembre 1960, na pas mis fin aux combats des femmes. Beaucoup espéraient que leur engagement serait reconnu, et que l’indépendance ouvrirait les portes dune véritable égalité. Si certaines ont accédé à des postes de responsabilité, comme Aoua Kéita, la majorité est retombée dans l’oubli historique.

Aujourdhui encore, les contributions des figures féminines à l’indépendance du Mali restent largement ignorées dans les récits officiels. Pourtant, leur rôle a été crucial pour la réussite de la lutte anticoloniale.

Une mémoire à réhabiliter

Selon Feue Aoua Kéita, « Il n’a pas de liberté durable sans la liberté des femmes ». Redonner aux femmes maliennes la place quelles méritent dans l’histoire de l’indépendance, c’est faire un pas vers une histoire plus juste, plus inclusive. C’est aussi une source d’inspiration pour les générations actuelles et futures, qui peuvent puiser dans ces parcours exemplaires les valeurs de courage, de solidarité et de résistance.

Le combat des femmes pour l’indépendance ne se mesure pas seulement en slogans ou en discours politiques, mais en actions concrètes, souvent silencieuses, mais essentielles.

Ces héroïnes anonymes, oubliées des manuels, font bel et bien partie des acteurs de premier plan qui ont contribué à l’accession du Mali à l’indépendance.

Assa Diallo

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