MALI : 74% des établissements de santé n’ont pas accès à l’eau potable
Le système de santé au Mali reconnu pour son maillage remarquable du territoire a un point faible qui a pour nom : accès à l’eau, l’hygiène et l’assainissement.
Notre pays, le Mali, traverse une crise multidimensionnelle (sécuritaire, humanitaire et socio-politique) depuis 2012. Cette crise entraîne des répercussions néfastes sur les objectifs de développement et de croissance démographique.
L’EDSM VI (Enquête Démographique et de Santé au Mali), réalisée en 2018, a révélé que le taux de mortalité infanto-juvénile était de 101‰ et celui des femmes âgées de 15 à 49 ans était de 3.54‰. La même étude estimait à 35% le taux de défécation à l’air libre pratiqué par les enfants de moins de 02 ans, tandis que le taux national était de 5%.
Selon le rapport de la DNH et de la DNACPN de 2023, le taux d’accès à l’eau et à l’assainissement à l’échelle nationale était respectivement de 72,1% et 45 %. Concernant les centres de santé, l’évaluation globale de l’ensemble des établissements de santé du Mali en termes de besoins d’accès aux services d’eau, d’hygiène et d’assainissement fixait respectivement à 26 % et 5 % le taux d’accès à l’eau et à l’assainissement.
S’agissant de l’hygiène, la disponibilité d’installation élémentaire de lavage des mains au savon est de 14%. En ce qui concerne les établissements de santé, 42% disposent des installations d’hygiène des mains fonctionnelles dans les salles de soin et à moins de 5 m des toilettes ; 52% séparent leurs déchets en toute sécurité.
La majorité du financement du secteur eau, hygiène et assainissement provient de l’aide extérieure, représentant environ 80% (Rapport Trackfin, 2023).
Face à ce tableau peu reluisant, il est temps que l’Etat et ses partenaires prennent le taureau par les cornes en allouant plus de financement à la réalisation dans infrastructures Wash (eau, hygiène et assainissement) dans les établissements de santé. Car, un établissement de santé sans services est un corps presque sans âme. En effet, les services Wash (eau, hygiène et assainissement) sont indispensables dans les établissements de santé pour atteindre les objectifs sanitaires nationaux et les objectifs de développement durable (ODD 3 : La santé de tous et le bien-être de tous à tout âge et ODD 6 : L’accès de tous à l’eau et à l’assainissement et la gestion durable des ressources en eau). Ils renforcent la capacité des systèmes de santé à faire face aux situations d’urgence, à développer des réponses efficaces face aux catastrophes naturelles et aux épidémies, et à les contrôler lorsqu’elles surviennent. Les résultats en matière de santé maternelle, néonatale et infantile sont améliorés grâce à l’eau potable en continu, aux installations de lavage des mains en bon état, aux ouvrages d’assainissement en bon état et à l’application des bonnes pratiques d’hygiène et de nettoyage régulier.
Yacouba Traoré