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Mali-Algérie : Une nouvelle escalade diplomatique

Les relations entre le Mali et l’Algérie traversent une période de fortes tensions, aggravées par la divergence sur la gestion de la crise sécuritaire au Sahel et la remise en cause de l’Accord d’Alger. Le récent communiqué du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale malien a mis en lumière cette fracture diplomatique.

Une divergence stratégique sur la lutte antiterroriste

Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a réaffirmé la position de son pays en faveur d’une solution politique au Mali, rejetant l’option militaire.
« La solution militaire est impossible au Sahel et au Sahara, notamment au Mali, car elle a été tentée à trois reprises par le passé et a échoué », a-t-il déclaré.

Il a également défendu les groupes signataires de l’Accord d’Alger, rejetant leur classification comme « bandes terroristes » et plaidant pour la reprise des négociations avec eux.

En réponse, le ministère malien des Affaires étrangères a vivement dénoncé cette posture. Dans un communiqué publié mercredi, Bamako a accusé Alger de « complicité » avec les groupes terroristes et d’« ingérence inacceptable » dans ses affaires intérieures.
« Les autorités algériennes manifestent une sympathie évidente envers les groupes terroristes opérant au Mali et au Sahel », indique le communiqué, appelant également Alger à se concentrer sur ses propres défis internes, notamment la question kabyle.

Une approche divergente de la gestion de la crise

Le Mali, désormais engagé dans une stratégie militaire en collaboration avec le Burkina Faso et le Niger au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES), a clairement indiqué son rejet de toute future médiation algérienne.

Cette nouvelle escalade intervient après une série de différends profonds. En décembre 2023, les deux pays avaient rappelé leurs ambassadeurs respectifs, suite à des désaccords sur la gestion de la crise sécuritaire au Sahel. En janvier 2024, Bamako a annoncé la fin immédiate de l’Accord pour la paix et la réconciliation signé en 2015, en raison de la reprise des hostilités entre l’armée malienne et certains groupes armés.

L’héritage contesté de l’Accord d’Alger

La décision du Mali de se retirer de l’Accord d’Alger a marqué un tournant. Les autorités maliennes accusent les anciens signataires, réunis sous le Front pour la Libération de l’Azawad (FLA), de s’être mués en acteurs terroristes. Bamako reproche également à la médiation internationale, dirigée par l’Algérie, son incapacité à faire respecter les engagements pris.

Depuis la fin de la MINUSMA, les affrontements se sont intensifiés. Alors qu’Alger continue de prôner le dialogue, Bamako privilégie une solution souveraine et rejette toute intervention extérieure, perçue comme une atteinte à son indépendance.

Perspectives incertaines

Cette escalade diplomatique reflète les divergences croissantes entre deux acteurs clés de la région, dont la coopération reste pourtant essentielle pour la stabilité du Sahel.

Alors que le Mali s’appuie sur une approche militaire ferme avec ses alliés sahéliens, l’Algérie maintient son rôle traditionnel de médiateur, risquant d’aggraver les tensions avec Bamako. L’avenir de cette relation complexe dépendra de la capacité des deux parties à trouver un compromis, dans un contexte où les défis sécuritaires continuent de croître.

Dily Kane
Mali24

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