Mali : La classe politique au-delà de sa perception de la transition
Malgré les désaccords persistants sur la conduite de la transition, la classe politique malienne fait preuve d’une rare unité lorsqu’il s’agit de défendre la souveraineté nationale. La récente destruction d’un drone des Forces armées maliennes (FAMa) par l’Algérie a déclenché une vague d’indignation unanime, révélant un soutien sans faille de l’ensemble des partis politiques à l’armée nationale.
Depuis le début de la transition politique au Mali, la classe politique s’est retrouvée reléguée à la périphérie du pouvoir. Fréquemment perçue comme marginalisée, elle peine à faire entendre sa voix dans la gestion des affaires publiques. Pourtant, sur les enjeux cruciaux de souveraineté et de sécurité nationale, les divisions s’effacent, laissant place à une position commune : le soutien indéfectible aux FAMa.
L’incident survenu avec l’Algérie, perçu par de nombreux observateurs comme un acte de provocation voire d’annexion déguisée, a ravivé un élan patriotique rarement observé ces dernières années. Tous les courants politiques, sans distinction d’appartenance, ont fermement condamné cet acte, y voyant une grave atteinte à l’intégrité territoriale du Mali.
« Quelles que soient nos divergences sur la gestion de la transition, nous ne pouvons tolérer aucune ingérence étrangère ni aucun acte hostile contre notre armée », a déclaré un cadre d’un grand parti politique.
Ce front uni illustre la maturité politique d’acteurs souvent accusés de divisions internes. Du RPM à l’ADEMA, en passant par la CODEM et d’autres formations, le soutien aux FAMa s’érige désormais en ligne rouge que nul ne saurait franchir. Il ne s’agit plus de défendre un régime, mais bien de protéger la Nation et ses institutions républicaines.
Au-delà de la portée symbolique, cette position confère une légitimité morale renouvelée aux forces armées, dont les efforts de sécurisation du territoire sont à la fois salués et mis à rude épreuve. Elle envoie aussi un message clair à l’Algérie, ainsi qu’à tout autre État tenté de jouer aux équilibristes dans un Sahel en pleine recomposition géopolitique.
L’unité politique affichée dans cette affaire pourrait marquer un tournant dans les relations entre les autorités de transition et la classe politique. Bien que cette dernière demeure écartée de certaines sphères de décision, elle démontre qu’elle reste un acteur essentiel de la vie nationale, capable de dépasser les clivages pour défendre les fondamentaux : la souveraineté, la paix et l’intégrité territoriale.
La balle est désormais dans le camp des autorités de transition. Cette solidarité affichée pourrait ouvrir la voie à un rétablissement du dialogue avec les forces politiques. Non pour diluer le pouvoir, mais pour renforcer l’unité nationale, condition indispensable pour faire face aux multiples défis qui assaillent le pays.
Coulibaly A.
Mali24
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