Mali : Quand le rejet de l’accord d’Alger par les autorités de transition donne raison à Modibo Sidibé président du parti FARE
Il y a neuf ans, le Parti des Forces Alternatives pour le Renouveau et l’Émergence (FARE- An Ka Wuli) mettait en garde contre plusieurs dispositions de l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger. Aujourd’hui, la décision du Président de transition, le Colonel Assimi Göita, de déclarer la caducité de l’accord d’Alger et d’ouvrir un processus de dialogue inter-malien semble donner raison au parti FARE.
En 2014, le parti dirigé par l’ex-chef du gouvernement Modibo Sidibé avait exprimé son désaccord alors que le gouvernement malien et les groupes armés séparatistes s’apprêtaient à signer l’accord d’Alger. Dans leur déclaration, les FARE avaient identifié des pièges potentiellement déstabilisateurs pour le Mali.
Le parti FARE avait critiqué l’accord d’Alger pour sa proposition de « république fédérale » sous le masque de la « régionalisation », soulignant que cela confirmait la création d’une entité Azawad. Ils avaient également mis en garde contre la création d’un Sénat incluant les notabilités traditionnelles et religieuses, considérant que cela pourrait être une source de déstabilisation. De plus, le parti avait rejeté les modalités de représentation des régions du nord à l’Assemblée Nationale, les qualifiant de rupture de l’égalité des citoyens devant la loi.
Au lieu de la régionalisation proposée, le parti FARE préconisait un nouvel élan de décentralisation visant à rapprocher les citoyens de l’administration et des ressources, avec des attributions accrues aux régions et des contrats de programme entre l’État et les assemblées régionales.
Sur le plan de la défense et de la sécurité, le parti avait critiqué le mécanisme opérationnel des anciens combattants et le processus de Désarmement Démobilisation Réintégration et Réinsertion, considérant cela comme une « prime à la rébellion ». Ils avaient plaidé pour le redéploiement des forces de défense et de sécurité sur tout le territoire national dès la signature de l’accord de paix.
En matière de réconciliation, justice et réponses humanitaires, le parti FARE insistait sur le développement de la citoyenneté, l’accès à l’éducation, aux soins de santé, à la création et à la distribution de la richesse nationale, ainsi que l’accès à l’emploi et à la protection sociale. Ils proposaient une charte de la cohésion sociale pour promouvoir la fraternité républicaine.
En conclusion, le parti FARE soulignait qu’une distribution équitable de la justice était un facteur de cohésion sociale et rejetait tout accord qui couvrirait les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité, les crimes de génocide, les crimes de violence sexuelle, et les violations graves du droit international des droits de l’Homme et du droit international humanitaire.
Dily Kane
Source: Mali24