Me Kassoum TAPO, Président du MOREMA : « Il faut un gouvernement de mission pour organiser les élections »
Le Président du MOREMA, Me Kassom Tapo, était le dimanche 12 juin l’invité de « Politik sur Africable TV » animé par Robert Dissa. Pendant plus d’une heure, l’ancien Bâtonnier et premier Président de la CENI a évoqué plusieurs questions brûlantes de l’actualité.
Selon lui, le constat est que ce gouvernement a échoué. « Il n’y a que des mots, des discours ». Sur le cas de Soumeylou Boubèye Maiga, Me Tapo reste ferme sur sa position. Selon lui, la procédure est totalement illégale. La justice avait été instrumentalisée par les actions politiques, a fait savoir l’ancien Bâtonnier de l’Ordre des avocats du Mali. Pour mener la lutte contre la corruption, a-t-il souligné, «il faut totalement être blanchi, ne pas avoir de dossier à la justice, il faut être exemplaire. Vous ne pouvez pas, lorsque vous-même avez un dossier au Pôle économique, de manière sérieuse et crédible, entamer la lutte contre la corruption ». Il a pointé du doigt une lutte sélective ciblée contre des gens précis. « On a vu pendant des mois des éléments étalés à la presse que : tel ou tel va être poursuivi, on a empêché tel ou tel de sortir du pays… sans aucune procédure judicaire, aucune décision d’un juge ou d’aucune autorité administrative. Comment voulez-vous que la lutte contre la corruption soit crédible dans ces conditions là ? ». Il regrette que «les procédures judicaires soient lancées par l’exécutif». Or, pour lui, Il faut laisser la justice instruire les dossiers en toute sérénité, en toute indépendance.
Un machin du Premier ministre
A l’en croire, le projet de loi électorale en examen au Conseil national de transition va conduire le pays à la catastrophe pré et postélectorale s’il est adopté à l’état actuel. « L’organe unique qu’on nous prépare est un machin du Premier ministre», a déclaré sans ambages celui a présidé la première Commission électorale nationale indépendante -CENI.
Le Président du Morema estime que l’embargo est regrettable, les conséquences sont dramatiques, tragiques pour les populations. «C’est une situation qui est regrettable et qui était prévisible…. Il faut trouver une solution », a-t-il souligné. Il appelle le Président de la Transition à faire appel à la classe politique pour se mettre d’accord sur un calendrier consensuel. « Les élections, il faut les faire, et on les fera », a-t-il martelé.
Répondant à une question sur la réforme constitutionnelle, il appelle à la prudence. « J’ai vu un décret du Président de la transition mettant en place une commission de création d’une nouvelle constitution. On veut une nouvelle constitution ou une révision constitutionnelle ? Je ne sais pas ce que les assises ont décidé. Je pense qu’il faut faire extrêmement attention». Pour Me Kassoum Tapo, «le rôle de la transition, ce n’est pas de faire ces reformes là ». Il est d’avis qu’il faut laisser les politiques rediscuter sérieusement des failles du système afin de corriger les défaillances.
‘’Je dirais à Assimi de réunir autour de lui toute la classe politique’’
A la question «Si vous avez l’occasion de parler au président aujourd’hui, que lui diriez-vous ?», Me Tapo répond : «Je suis un patriote disposé à aider mon pays. Je lui dirais de réunir autour de lui toute la classe politique, qu’on se mette d’accord sur un gouvernement consensuel. Ça ne m’intéresse pas d’être membre du gouvernement. Il faut un gouvernement de mission pour organiser les élections. On ne peut pas dans une transition mettre un premier ministre partisan, de surcroit clivant. On doit mettre un premier ministre indépendant intellectuellement, qui ne dépende d’aucun parti et qui ne soit guidé que par l’intérêt supérieur du pays».
Pour éviter une autre transition, le Président du Morema donne sa recette : « il faut qu’on respecte les règles de la démocratie, qu’on ait une armée républicaine, une bonne gouvernance. Que les hommes politiques soient sérieux».
Moussa Diarra