Mme Aïssata Gaye Traoré, Diplomate : « Un bon diplomate a une bonne capacité d’écoute »
Madame Aïssata Gaye Traoré est une diplomate malienne. Elle est actuellement Conseillère technique en charge des questions multilatérales, culturelles et du genre du Ministère des Affaires étrangères et de la coopération internationale. A l’occasion de la journée internationale du multilatéralisme et de la diplomatie au service de la paix, célébrée chaque 24 avril, la rubrique Femmes de Mali 24 a approchée cette diplomate qui parle couramment le français et l’anglais. Dans cet entretien, elle évoque les qualités d’un bon diplomate, les exigences de la profession, ses souvenirs. Aussi, elle donne des conseils aux jeunes filles qui veulent faire carrière dans la diplomatie. Entretien exclusif !
Comment êtes-vous arrivée à la diplomatie ?
Depuis ma plus tendre enfance, j’ai été bercée par les questions internationales et de paix. Mon père a servi aux opérations de maintien de paix dans plusieurs pays. Des questions auxquelles je me suis intéressée depuis toute petite.
Après mes études, mon papa a voulu qu’au moins un de ses enfants soit un agent de la fonction publique. C’est ce qui m’a dirigé un peu vers la fonction publique, mais particulièrement la diplomatie qui était mon choix.
La diplomatie n’est plutôt pas pour les hommes?
La diplomatie a été réservée pendant longtemps aux hommes. Au Mali, il fait reconnaître que beaucoup de femmes ont pu émerger dans ce métier. Nous avons connu deux femmes ministres des Affaires étrangères : Mme Sy Kadiatou Sow et Kamissa Camara. La tendance continue timidement. Nous œuvrons pour que beaucoup de femmes puissent nous rejoindre très prochainement.
Pouvez-vous définir la fonction de diplomate en 3 mots?
La fonction de diplomate est une fonction exigeante. En trois mots, je dirai la représentation, l’information et la défense des intérêts du pays.
Représentation. Le diplomate doit représenter son pays à l’étranger.
Information. Le diplomate doit informer son pays de ce qui se passe dans son pays d’accueil.
Défense des intérêts de son pays. Le diplomate doit défendre les intérêts de son pays dans le pays d’accueil par ricochet les défenses des intérêts des ressortissants de son pays.
Quelles sont les qualités d’un bon diplomate?
Un bon diplomate, c’est quelqu’un qui a une bonne capacité d’écoute. C’est aussi quelqu’un qui a beaucoup de retenue, de la rigueur. C’est également quelqu’un de loyal.
Que représente cette journée pour vous?
Je me réjouis de l’institution de cette journée qui est une reconnaissance du métier même de diplomate. C’est une reconnaissance de ce métier qui fait face à des bouleversements géopolitiques et géostratégiques. Reconnaître un métier dans ce contexte, c’est vraiment bien pour la préservation de la paix, la consolidation etc.
Comment conciliez-vous votre vie professionnelle à vos obligations familiales ?
Le soutien, l’accompagnement et l’appui de la famille sont primordiaux pour les femmes diplomates. J’ai eu la chance d’avoir un mari qui me soutient et j’ai également la chance d’avoir une belle famille qui m’appuie beaucoup.
En dehors de ces appuis, il faut s’organiser pour consacrer un temps pour la vie professionnelle et ne pas l’associer avec la vie familiale.
Quels sont les pays dans lesquels vous avez séjourné en tant que diplomate ?
Un diplomate voyage beaucoup. J’ai séjourné à Bruxelles en tant que conseiller à l’ambassade, le Luxembourg, le Royaume Uni, les Pays Bas. Le métier exige des déplacements à travers le monde les Pays-Bas, la Chine, l’Inde, l’Afrique du Sud, le Rwanda, le Kenya, l’Éthiopie etc.
Quel est votre plus beau souvenir ?
Bruxelles, un bon souvenir pour un diplomate. C’est un succès diplomatique. Là-bas, j’ai eu à prendre part à des négociations, j’ai participé à des procès. Un véritable succès diplomatique qu’on a gagné en tant que diplomate.
Quels sont les conseils que vous pouvez donner aux filles qui veulent emprunter cette voie?
Le Ministère est en train d’œuvrer pour qu’il y ait beaucoup plus de femmes dans la diplomatie. Nous allons mener des actions très prochainement qui vont dans ce sens là. Ce que je peux conseiller aux filles et aux femmes vraiment, c’est de se former dans plusieurs domaines, la diplomatie, les relations internationales, le droit. Il faut qu’elles s’intéressent également à l’actualité nationale et internationale, aux questions multilatérales, les défis et les enjeux locaux et surtout qu’elles apprennent les langues étrangères. Ce sont des ajouts pour le diplomate.
Propos recueillis par Kada Tandina et Korotoume Doumbia
Mali24
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