Moussa Sey Diallo à propos de report du referendum : « le gouvernement entre confusion et manque de pédagogie »
L’information a été donnée par le ministre d’Etat et de l’administration territoriale et de la collectivité le 10 mars 2023. Il s’agit d’informer l’opinion nationale et internationale que le référendum prévu le 19 mars 2023 a été reporté à une date ultérieure.
Le communiqué justifie la décision en donnant deux raisons : Le déficit dans le processus de l’opérationnalisation des nouvelles régions et le manque de communication sur le projet de constitution. Pas une surprise, tous les avertis s’attendaient à ce report. Mais, lorsque l’on observe certains détails de la méthode utilisée autour de l’annonce, on découvre une énorme confusion, et surtout une absence de bonne stratégie dans la gestion de nos gouvernants actuels.
D’abord le timing, ils ne devraient pas attendre jusqu’à neuf jours d’une date, supposée fixée après des réflexions poussées, pour annoncer son report. Pour rappel, la Coalition pour l’Observation Citoyenne des Élections au Mali (COCEM) avait alerté, le lundi 20 février 2023, à travers un communiqué de Presse (N°002/2023/COCEM) sur la non convocation du collège électoral pour le référendum du 19 mars 2023. Elle avait rappelé que, conformément au chronogramme des réformes et des élections publié le 28 juillet 2022, le collège électoral pour le référendum du 19 mars 2023 devait être convoqué le 17 février 2023. Cette coalition avait même argumenté en signalant que l’article 148 de la Loi n°2022-019 du 24 juin 2022 portant Loi électorale dispose que :« les électeurs sont convoqués par décret pris en Conseil des Ministres. Le texte soumis au référendum est annexé au décret prévu à l’alinéa ci-dessus et publié au moins un (1) mois avant le scrutin » indique -t-il. En effet, le gouvernement, en ayant connaissance de tous les éléments, devait anticiper avant d’attendre jusqu’aux derniers moments pour agir. Cela donne une impression d’impréparation, ce qui est bien néfaste concernant les grandes décisions du pays pendant une période cruciale de la vie de la nation. Comme si cela ne suffisait pas, le gouvernement se noie dans un communiqué évasif .
Et pour preuve, le libellé du communiqué, l’expression » connaître un léger report » démontre de certaines faiblesses, d’une certaine hésitation de nos dirigeants, qui peut être en outre une conséquence du timing, du retard constaté. Affirmer un léger report quand on ne maîtrise plus le mécanisme enclenché n’est juste qu’un euphémisme, que l’on utilise pour apaiser le peuple. Pourtant, ce choix n’est qu’un contournement du problème, qui va à coup sûr revenir. L’utilisation d’un euphémisme prouve que l’on se sent acculé. Pourquoi se mettre dans une telle situation quand on a toutes les cartes en main, et la destinée de millions de personnes ?
Aujourd’hui, nos autorités doivent prendre réellement les choses à bras le corps, car l’heure est très grave pour le pays. La crise est multiple, mais également bien complexe. La gestion doit être cohérente et très inclusive. Elles ne doivent pas s’enfermer et se contenter de verser publiquement des décisions qui ont toujours un aspect d’inachevé ou un caractère incertain. Elles doivent rassurer, communiquer, se rapprocher du peuple.
Le Mali actuel, ne doit pas s’écouter à travers des activistes, cela ne fera qu’augmenter le clivage. Les maliens doivent maîtriser leur découpage administratif, comprendre leur loi électorale, discuter sérieusement de leur prochaine constitution, savoir si le projet est nécessaire ou pas et s’entendre à son propos. Et tout cela ne peut pas se faire dans un brouhaha stérile au sein du peuple, et sous un silence assourdissant des dirigeants. Ces derniers doivent changer de stratégie s’ils veulent réellement le bonheur du Mali et s’ils veulent être considérés comme de véritables héros dans l’histoire. Un choix qui n’appartient qu’à eux seuls à présent.
Voici ce que moi je crois !
Moussa Sey Diallo