Paix et réconciliation au Mali : une mission impossible sans une presse libre et dynamique ?
La charte pour la paix et la réconciliation nationale en cours d’élaboration au Mali suscite de nombreuses interrogations, notamment sur le rôle de la presse dans le processus de réconciliation. Lors d’une rencontre organisée ce 20 février 2025 au Centre International de Conférences de Bamako (CICB), les acteurs des médias ont exprimé leurs inquiétudes face à une situation qu’ils jugent préoccupante avec une presse en crise, affaiblie par des restrictions et un manque de soutien, alors même que son rôle est essentiel pour restaurer la paix et renforcer la cohésion sociale.
Pour Modibo Diaby, « la paix au Mali passe par les médias », mais il estime que l’espoir d’une véritable réconciliation est compromis sans une presse libre et dynamique. Il pointe du doigt les restrictions imposées par la Haute Autorité de la Communication (HAC), qui a fermé plus de 160 radios à l’intérieur du pays et 17 à Bamako. Une décision qui, selon lui, prive une grande partie de la population d’un accès à l’information et freine les efforts de sensibilisation à la paix.
Un journaliste de radio, visiblement remonté, dénonce l’absence d’une véritable aide à la presse, pourtant essentielle pour assurer le professionnalisme des médias. « La HAC est en train de desservir l’État par sa manière de faire », accuse-t-il, estimant que sans des organes de presse solides et indépendants, il sera impossible d’instaurer une paix durable.
L’avant-projet de la charte nationale pour la paix et la réconciliation n’accorde pas une place suffisante aux médias, selon Alexis Kalambry. Il plaide pour l’insertion d’un chapitre spécifique sur le rôle fondamental de la presse dans la charte en question.
Boubacar Kanouté, président de l’Union des Journalistes Reporters du Mali(UJRM), critique pour sa part le retard dans l’adoption des textes régissant le secteur des médias, une lenteur qui entrave le développement du journalisme et limite son impact dans la consolidation de la paix.
A son tour, le président de la Maison de la Presse, Bandiougou Dnaté, abonde dans le même sens et dénonce l’approche de la Haute Autorité de la Communication(HAC) qui oppose l’État à la presse. Pour Danté, il faut songer à alléger les charges de la presse et la soutenir pour qu’elle joue pleinement son rôle dans la promotion de la paix.
« La presse est un vecteur essentiel de dialogue, de sensibilisation et d’éducation citoyenne. Son affaiblissement, causé par des restrictions, un manque de financement et une régulation jugée excessive, compromet les efforts de paix et de réconciliation. Sans une presse libre et soutenue, les discours officiels sur la réconciliation risquent de rester lettre morte.
Sachant qu’une paix durable ne peut se construire dans le silence médiatique, la commission de rédaction a promis de transmettre les messages à qui de droits pour prendre en comptes les différentes préoccupations, notamment la révision des décisions de la HAC, un soutien financier aux organes de presse et une reconnaissance claire du rôle des médias dans la charte pour la paix et la réconciliation nationale.
Coulibaly A
Mali24
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