Présidentielle en Côte d’Ivoire. « L’apocalypse ne s’est pas produite » : entre calme et participation mitigée, récit de la journée de vote
Le premier tour de l’élection présidentielle s’est déroulé samedi 25 octobre en Côte d’Ivoire ce samedi 25 octobre. Les résultats seront proclamés lundi 28 octobre au plus tard. Le président Alassane Ouattara, président sortant et grand favori, pourrait l’emporter dès ce premier tour. L’enjeu crucial reste donc le taux de participation qui avoisinerait 50%. Récit d’une journée électorale globalement calme malgré des incidents isolés. Reportage de Moh Sy Savané.
Il est 18h05, ce samedi 25 octobre, à l’école La Bia, dans la commune d’Adjamé, lorsque les bureaux de vote ferment leurs portes, marquant la fin de la journée électorale. Ce samedi, les électeurs de Côte d’Ivoire votaient à l’occasion du premier tour de l’élection présidentielle. Les agents de la Commission Électorale Indépendante (CEI) procèdent au dépouillement des bulletins sous la surveillance de trois représentants des partis politiques.
« On a fait le décompte des bulletins dont on a écrit les résultats dans des colonnes au tableau. A présent, on va remplir les différentes fiches à transmettre », explique Silué, président de l’un des bureaux de vote. « On a eu une bonne affluence à l’ouverture des bureaux de vote. Puis après, c’était au compte-goutte. A la fin du décompte, dans mon bureau, on a 217 votants sur 400 inscrits. »
« Je me suis bouché les oreilles depuis une dizaine de jours »
Plus tôt ce matin, dès l’ouverture de son bureau de vote au groupe scolaire de la Riviera Golf, Bintou Cissé était parmi les premiers à glisser son bulletin dans l’urne. « Je suis très heureuse de venir accomplir mon devoir citoyen. C’était important pour moi de le faire pour consolider la paix. Je suis venue donc voter mon candidat et je souhaite qu’il l’emporte », a-t-elle dit.
Quant à Kablan, c’est à quelques minutes de la fermeture des bureaux de vote qu’il a choisi d’aller voter au sein l’école K-Oestrem, sise à la Riviera 3 dans la commune de Cocody. « Je suis venu faire mon vote, même si pour cette élection, les choses ne sont pas faites comme il se devait. Je me suis bouché les oreilles depuis une dizaine de jours pour ne pas entendre tout ce qui se raconte et m’empoisonner », explique le septuagénaire, pour qui le boycott n’était pas envisageable malgré « l’imperfection » du processus.
L’affluence a été moyenne avec une disparité en fonction des quartiers et des régions. A Yopougon, il y avait de l’affluence dans la zone de Port-Bouet 2 alors qu’il n’y en avait pas à Sicogi. De même, les localités du Nord ont enregistré une grande affluence alors que certaines de l’Ouest n’en ont pas connu. Dans le département de Gagnoa, à l’Ouest, une trentaine de centres de vote a dû être délocalisée pour des « impératifs sécuritaires ».
« Il faut faire le vote dans la paix »
A la mi-journée où elle a voté groupe scolaire de la Riviera Golf à Abidjan, Simone Ehivet Gbagbo, ex-première dame et candidate de MGC, a déclaré : « Tout se passe bien. Je souhaite que tout se passe bien ainsi sur tout le territoire. Je souhaite que le soir venu, les Ivoiriens soient contents du décompte et de la proclamation de ma victoire. »
La ville d’Abidjan est restée très calme, un peu trop calme ce samedi. La plupart des commerces et des magasins sont restés fermés, en raison des crispations provoquées ces derniers, notamment en raison de l’absence de Laurent Gbagbo (PPA-CI) et de Tidjane Thiam (PDCI), deux poids lourds de l’opposition, au scrutin.
« Il faut le faire [vote] dans la paix. La paix est la chose la plus importante. Je constate, avec cette élection, que la paix est revenue, et que les uns et les autres sont sortis pour voter. Je souhaite que l’élection se termine bien et que nous ayons les résultats demain [dimanche] », a déclaré Alassane Ouattara, après avoir accompli son vote au lycée Sainte-Marie de Cocody, à la mi-journée.
« Ce que j’ai dit tout le temps qu’a duré ma campagne, c’est que la Côte d’Ivoire soit en paix. Je l’ai dit avant même le vote de ce jour », a déclaré de son côté, Simone Ehivet Gbagbo, interrogée à sa sortie du bureau du vote sur le climat entourant le scrutin.
Débout aux côtés de Simone Ehivet G. à qui il a apporté son soutien, Charles Blé Goudé s’est réjouit du calme global constaté. « L’apocalypse ne s’est pas produite. La plus grande victoire, ce n’est pas la victoire de tel ou tel candidat. La plus grande victoire, c’est que ce matin, on s’est réveillé et les Ivoiriens ne sont pas traumatisés. Je ne suis pas sur la liste électorale et je ne vote pas donc, mais c’est un message que je passe. »
Quelques incidents
Le processus de vote s’est déroulé globalement dans le calme dans l’ensemble du pays, où un important dispositif de sécurité composé de 44 0000 membres des forces de l’ordre, a été déployé. Les incidents signalés sont considérés comme mineurs et ont été circonscrits à quelques localités isolées. C’était le cas à Atoutou, près de Jacqueville où une vingtaine de jeunes, armés de gourdins, ont emporté urnes et documents électoraux.
Un taux de participation d’environ 50%
Faisant le point de la situation aux alentours de 22h au siège de la CEI à Abidjan, le président de l’institution Ibrahime Coulibaly-Kuibiert a annoncé que les résultats seront connus dimanche 26 octobre ou au plus tard lundi 27 octobre. Il s’est également voulu optimiste quant au taux de participation : « Je peux vous dire que nous sommes à plus de 30% des résultats qui nous reviennent du terrain. Et le taux va avoisiner les 50%. »
Les résultats qui seront proclamés par la CEI dans les heures qui suivent sont considérés comme provisoires. Il revient ensuite au Conseil Constitutionnel de proclamer les résultats définitifs. Un second tour est prévu au cas où aucun candidat ne remporte la majorité dès le premier tour
Près de 9 millions d’ivoiriens étaient appelés aux urnes pour élire le président de la république ce samedi. Cinq candidats étaient en lice : Alassane Ouattara (RHDP), Simone Ehivet Gbagbo (MGC), Jean-Louis Billon (CODE, Ahoua Don-Mello (Indépendant) et Henriette Lagou (GP-Paix).
Source: https://www.africaradio.com/
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