Processus de paix au Mali : Le gouvernement dénonce les violations de l’Accord par la CMA
Le gouvernement malien a, dans une lettre confidentielle adressée, le vendredi 24 février 2024, à la médiation internationale, vivement condamné les récentes violations de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu des pourparlers par la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA).
Le gouvernement malien a fait connaître à la médiation internationale qu’il n’est plus acceptable de laisser la CMA narguer l’accord de paix, et « les cas de violation empêchent la création d’un climat de sérénité nécessaire pour le retour à l’ordre constitutionnel. » Dans son document signé par le ministre la réconciliation, de la paix et de la cohésion nationale, chargé de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale, le colonel major Ismaël Wagué, le gouvernement indique que malgré ses nombreux efforts pour la mise en œuvre de l’Accord, « force est de constater que certains mouvements, précisément ceux de la CMA, n’ont cessé de violer l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger. » Les cas les plus récents de ces violations, précise le gouvernement malien, sont : l’installation d’Etats-Majors par certains mouvements armés dans le Gourmah en 2020-2021 ; la réouverture des postes de sécurité dans les Zones de Kidal, Gao, Ménaka et Tombouctou ; la délivrance illégale d’autorisations de déplacement sur les sites d’orpaillage ; l’installation et la mise en place de dispositifs de sécurisation sur les sites d’orpaillages illégaux de N’Tahaka (sud de Gao) et au Nord de Kidal ; le refus de recevoir les médecins en charge de la lutte contre la Covid-19 ; les actions entravant le fonctionnement optimal des Bataillons des Forces Armées Reconstituées (BATFAR) ; la conduite de patrouille TARTIT par des entités non reconnues (CSP-PSD) sans concertation, ni accord du Gouvernement (Kidal, Ménaka, Gao, Tombouctou, Taoudenni) ; l’occupation et l’organisation de rencontres à Anéfis ; l’opérationnalisation d’un tribunal islamique à Kidal et qui a déjà délibéré sur le cas de deux éléments du BATFAR de Kidal ; la sécurisation de la ville de Kidal par le « CSMAK », et ce malgré la présence du BATFAR et la collusion de plus en plus manifeste avec les groupes terroristes.
Pour les autorités maliennes, ces cas flagrants de violation de l’Accord sont d’autant plus préoccupants qu’ils n’ont donné lieu à aucune condamnation de la Médiation internationale et leurs auteurs n’ont jamais été rappelés à l’ordre. « La Médiation internationale, en tant que garante politique de l’Accord et du respect de ses dispositions par les Parties, doit pleinement jouer son râle pour sa mise en œuvre effective. L’attitude de certains mouvements, suivie de l’absence de réaction de la médiation, jettent un discrédit sur cette dernière. Cette situation entrave les efforts inlassables de la Médiation internationale en vue de la paix et de la réconciliation au Mali, laissant ainsi se forger auprès des ennemis de la paix, un sentiment d’impunité », a indiqué, dans sa lettre, le gouvernement malien.
Le pouvoir malien accuse aussi les structures chargées d’accompagner la mise en œuvre de l’Accord (la MINUSMA, l’Observatoire indépendant et le Groupe d’experts international pour les sanctions concernant le Mali) de n’avoir jamais comblé les attentes. « L’inaction du premier, le silence du deuxième sur les violations effectuées par certains mouvements, ainsi que les propensions du troisième à outrepasser son mandat posent la question de la pertinence de ces structures », précisent les autorités maliennes.
Selon le gouvernement, tout en restant attaché à la mise en œuvre intelligente de l’accord, il rejettera d’office toute accusation qui serait de nature à le tenir responsable des éventuelles conséquences de sa violation.
M.K. Diakité
Le Républicain