Projet de remaniement ministériel : les ministres en perte de sérénité
Longtemps annoncé, le remaniement ministériel ne serait qu’une question de semaines voire de jours. Désormais fixé à 25 membres au plus par la nouvelle constitution, les autorités de la Transition, de bonnes sources, ont l’intention de se limiter à une équipe de 20 membres. Objectif : réduire le train de vie de l’Etat en cette période de guerre et de vaches maigres. Il en résulte la disparition d’au moins quelques départements qui seront fusionnés à d’autres, ainsi qu’un coup de balai susceptible d’être fatal à environ 2/3 de l’équipe sortante, selon les intentions que nos sources attribuent aux hautes autorités. Certaines rumeurs annoncent même un possible départ du PM, à l’effet de démilitariser l’architecture institutionnelle de la Transition et la rendre plus fréquentable à l’international.
En attendant, la perte de sérénité est déjà lisible sur le visage de nombreux ministres, qui consacrent plus de temps à interpréter les faits et gestes du locataire de Koulouba, ses impressions ou le degré de satisfaction que lui procure les résultats de tel ou tel secteur de l’action publique. Or la personnalité de l’homme, à qui on arrache difficilement un sourire et presque toujours masqué, ne facilite pas les choses. Conséquence : ils sont nombreux à vivre avec l’angoisse d’un éventuel chômage ou d’un sevrage des honneurs et privilèges se rattachant à leur fonction.
Ce qui expliquerait peut-être l’offensive de charme que la plupart ont lancé ces derniers temps, à travers une communication à outrance. Depuis un certain temps, en effet, chaque occasion est une aubaine pour magnifier leur passage à la tête de leurs départements respectifs, y compris les simples audiences accordées à de simples personnalités qu’ils brandissent tel un butin de guerre.
Le pire, par ailleurs, c’est que le remaniement annoncé semble loin d’être comparable aux précédentes retouches. En effet, contrairement aux remaniements des dernières décennies, les ministres sortant et les potentiels candidats sont confrontés à un souci qui contribue davantage à exacerber leur stress. Tenez-vous bien, ils n’ont pas accès aux charlatans de la République (marabout et Soma), perdus pour la plupart à l’extérieur de Bamako. Le blocus des terroristes est passé par là. Ainsi, entre le risque de se faire virer du gouvernement et celui de se faire otage des commandos-terroristes, les ministres semblent se résigner à confier leur destin des mains de Dieu.
Amidou Keita
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