Protection des Médias maliens : Les défis liés à la sécurité sociale des journalistes au Mali

Tant recherché par les hommes et femmes de médias, la sécurité sociale au Mali est devenue aujourd’hui une équation non résolue. Malgré les efforts du gouvernement pour améliorer le système, une grande partie de la population reste sans couverture sociale adéquate. L’année 1991 marque la fin du monopole de l’Etat dans le monde des médias avec une floraison de presse : radio, journal et télévision au Mali. Les premières journées nationales de l’information et de la communication tenues en décembre 1991 ont discuté de la convention collective des journalistes. Dans les années 2000, les médias ont commencé à paraitre sur internet, WebTV et des structures de soutien à la presse comme la Maison de la Presse, l’URTEL, le Club de la Presse etc. ont été créés. La presse malienne souffre le martyr. Quels sont les défis que connaissent la sécurité sociale ? Plusieurs doyens de la presse malienne notamment Sadou Abdoulaye Yattara, Maimouna Traoré, Massiré Diop, Fakara Fainké et Mamadou Talata Maiga, tentent de répondre à la question.

La sécurité sociale est plus ou moins l’ensemble des droits auxquels aspirent un travailleur. Cela s’applique naturellement à la presse, aux entreprises de presse où les travailleurs dans leur diversité ont certainement des droits sociaux dont ils voudraient bien jouir. La Déclaration de Windhoek du 3 mai 1991 souligne l’importance d’une presse libre pour le développement et la préservation de la démocratie ainsi que pour le développement économique.
Membre fondateur du journal « AURORE » créé en 1990 et directrice de publication de NYELENI Magazine en 1992, Maïmouna Traoré nous ramène à la démocratisation de la presse : « La presse a été le fer de lance de la démocratie en 1991, cela a suscité un engouement pour la création de médias, surtout privés, non seulement pour les jeunes diplômés, mais aussi pour certains regroupements politiques, qui avaient besoin d’audiences. On disait avant que le journalisme mène à tout. Finalement, c’était le contraire car c’est tout qui menait au journalisme ».
Selon Sadou Abdoulaye Yattara, ancien président de la maison de la presse : « La presse est un secteur spécifique, surtout que la plupart des entreprises de presse sont des micro-entreprises. Dans ce cas, la sécurité sociale ramène au respect des lois de la république. Il s’agit du Code du travail. La connaissance de ce Code s’impose à la fois à l’employeur qu’au travailleur. C’est une garantie de stabilité et de bons rapports de collaboration entre partenaires sociaux. »
La sécurité sociale relativement aux travailleurs de la presse est similaire à l’épine dorsale du droit du travail que tout le monde doit respecter.
L’ancien président de la maison de la presse ajoute : « C’est le Code qui gère l’essentiel des rapports, avant l’entrée en scène du Code de prévoyance sociale dont l’aspect populaire le plus connu des acteurs est l’immatriculation à l’organisme de la protection sociale, l’INPS et le respect de cet engagement qui offre une multitude de droits. »
Les prestations sont souvent limitées avec le constat d’un manque de ressources financières et humaines. Massiré Diop, journaliste au quotidien l’indépendant fait allusion au secteur informel, qui représente une grande part des activités menées, complique l’accès à la sécurité sociale pour de nombreux travailleurs.
« Les initiatives récentes cherchent à étendre la couverture et à améliorer l’efficacité, mais des efforts supplémentaires sont nécessaires pour garantir une protection sociale universelle et efficace. On peut citer le faible taux de couverture dans la mesure où une grande partie de la population active n’est pas encore affiliée à la sécurité sociale, l’insuffisance des ressources puisque les cotisations ne suffisent pas à couvrir l’ensemble des prestations, l’effet de la fraude dans le système, dont les efforts en cours ont juste permis de les limiter mais pas de les éradiquer. » explique-t-il.
Le président de l’UNAJOM Fakara Fainké évoque la notion de convention collective qui protège les journalistes dans l’exercice de leur métier. D’après son analyse : « Dans la sous-région, une convention collective existe pour prendre en compte la préoccupation des journalistes en les inscrivant à l’INPS et l’AMO. La plupart des journalistes courent derrière le perdiem car il n’y a pas de convention collective. La maison de la presse travaille toujours sur les nouveaux textes pour qu’ils soient adoptés et appliqués dans le seul but de conduire l’Etat vers la protection des journalistes à travers un budget conséquent car un pays ne peut pas évoluer sans une presse à la hauteur. »
Administrateur de la maison de la presse, Mamadou Talata Maiga a toujours deploré la perception des perdiemes lors des activités organisées à la maison de presse, les accords entre patrons et reporters qui incitent beaucoup de journalistes à prendre de l’argent sur le terrain. « Percevoir de l’argent sur le terrain est contraire à l’éthique et la déontologie du journaliste car c’est une violation avérée du code du travail. Malheureusement les journalistes ne sont pas dans de bonnes conditions de travail. » martèle-t-il.
Le contrat de travail et l’immatriculation à l’INPS doivent être respectés. « Je me rappelle que sous mon magistère à la Maison de la Presse, le ministère de la communication nous a saisi pour faire des propositions en vue d’un décret relatif à l’aide publique à la presse. Dans notre proposition, tous les organes candidats à l’aide à la presse prouvent qu’ils sont immatriculés à l’INPS à jour de paiement des cotisations, produisent un minimum de contrats de travail de leurs agents, principalement les journalistes. Si j’ai bonne mémoire, les conventions entre la HAC et les radios et chaînes en parlent. Peut-être qu’il en sera de même lorsque la régulation va s’étendre effectivement aux journaux et à la presse en ligne avec davantage de suivi. » témoigne le doyen Yattara.
Il faut bien noter que la sécurité sociale est indispensable dans la mesure où chaque agent de médias doit se battre pour disposer d’un contrat de travail et d’être immatriculé à l’INPS.
Kada Tandina
Catégorie presse en ligne : Mali24.info

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