Remaniement Gouvernemental: Le M5-RFP réduit à la portion congrue !
Longtemps attendu, le remaniement ministériel a finalement eu lieu. Le Gouvernement Choguel II comprend 25 ministres dont 12 nouveaux entrants, 11 débarqués contre 4 anciens ministres maintenus.
Depuis le samedi 01 juillet 2023,les Autorités en charge de la Transition se sont dotées d’une nouvelle équipe gouvernementale pour mieux coordonner et donner une impulsion nouvelle à l’action gouvernementale. Intervenant au lendemain de l’élection référendaire, le nouvel attelage comporte 12 nouveaux ministres qui y font leurs entrées dans la nouvelle équipe exécutive, 11 départs contre 3 ministres qui y ont changé de portefeuilles et un ministre délégué confirmé. La scission du Ministère des Mines, de l’Energie et de l’Eau en deux entités distinctes respectivement gérées par les Ministres Amadou Keita pour le premier et Bintou Camara pour le second, est à n’en pas douter, l’innovation majeure de la nouvelle architecture gouvernementale.
A première vue, ce remaniement ou du moins ce réajustement gouvernemental, semble confirmer la montée en puissance des militaires de l’ex Comité National du Salut Public (CNSP). Conservant leurs portefeuilles, ceux-ci se sont renforcés par l’entrée de plusieurs des leurs dont le Colonel Assa Badiallo Touré comme Ministre de la Santé et du Développement Social. Plus que jamais déterminés à prendre le contrôle de la transition pour y imposer leurs religions, les militaires au pouvoir depuis le 18 août 2020, ne se sont pas fait prier pour se débarrasser à la première opportunité des ministres M5-RFP (tendance Choguel). Sur les huit (8) ministres qu’avait le M5-RFP, celui-ci ne compte plus que 2 ministres dans le nouveau Gouvernement en y ajoutant le Premier Ministre Choguel lui-même et son Ministre de la Refondation de l’Etat, Ibrahim Ikassa Maïga. Les Ministres du M5-RFP dont Bréhima Kamena précédemment titulaire du portefeuille de l’Urbanisme, l’Habitat, des Domaines et de l’Aménagement du Territoire et de la Population, Founé Coulibaly de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, Modibo Koné de l’Environnement, Assainissement et du Développement Durable, Aoua Paule Diallo de la Fonction Publique et du Dialogue Social et Oumarou Diarra, Ministre délégué chargé de l’action humanitaire, de la Solidarité, des Refugiés et Déplacés, ont vu leurs décrets de nomination purement et simplement abrogés.
Certains anciens ministres se sont maintenus tout en changeant de portefeuille. C’est le cas de Mossa Ag Attaher qui cède son portefeuille de la Jeunesse et Sports à Abdoul Kassim FOMBA pour s’occuper du département des Maliens établis à l’Extérieur et de l’Intégration Africaine, et du Pr Amadou Keita qui se voit congédier du Ministère de l’Enseignement supérieur au profit de celui des Mines.
Plutôt que de mettre en place un gouvernement de large ouverture en incluant toutes les forces politiques et sociales, le Gouvernement Choguel II, semble avoir fait la part belle à la technocratie. Ainsi, parmi les nouveaux entrants, figurent des universitaires dont Fassoum Coulibaly, Ministre du Travail, de la Fonction Publique et du Dialogue social (Ancien Directeur National du Travail), Mariam Maïga, enseignant-chercheur à la Faculté de Droit Privé (FDPRI) comme Ministre de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, et Bourema Kansaye (ancien Recteur) qui détient le portefeuille de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique.
En outre, l’entrée en scène d’autres technocrates comme Moussa Alassane Diallo ancien Président Directeur Général de la Banque Nationale de Développement Agricole (BNDA) comme Ministre de l’Industrie et du Commerce et de Abdoul Kassim Ibrahim Fomba, pourrait traduire la volonté d’imprimer une orientation nouvelle à la transition ou le goût prononcé pour la technocratie en dépit du fait qu’un Gouvernement est avant tout politique.
En effet, la mise à la touche des cadres du M5-RFP aboutira-t-elle à une rupture de ban entre celle-ci et les paracheveurs de sa lutte (qui semble s’en accaparer) ? En tous cas, elle isole le Premier ministre Choguel Maïga, qui voit sa marge de manœuvre réduite et se voit priver du soutien de ses principaux lieutenants.
Alpha Sidiki Sangaré
Source: L’Investigateur