Révélation du Pr Issiaka Ahmadou Singaré:Les aspects méconnus de feu général Moussa Traoré

Ce vendredi, le feu Général Moussa Traoré a été une fois de plus immortalisé grâce à la 45 ème promotion de l’Ecole Militaire Inter Arme de Koulikoro (EMIA) qui porte son nom . Les familles et des sympathisants de Moussa Traoré étaient au coeur d’un événement heureux et mémorable ce vendredi dans la cité de meguetan situé à 60 km de Bamako. Pour la circonstance, un ancien collaborateur a rendu un vibrant hommage à l’ancien président de la Republique du Mali.

L’histoire a longtemps associé le Feu Général Moussa Traoré à des périodes sombres de notre pays. Cependant, le Professeur Issiaka Ahmadou Singaré nous rappelle qu’en dépit de ces souvenirs douloureux, cet homme a également réalisé d’importantes avancées à son époque. Nous avons eu l’occasion de discuter avec le Professeur Singaré le jeudi 31 août, à l’occasion de la célébration de la 45ème promotion de l’EMIA baptisée Général Moussa Traoré.

Le Professeur Issiaka Ahmadou Singaré a exercé diverses fonctions au sein de l’enseignement supérieur de 1968 à 2010. Il est titulaire d’un Doctorat d’État en lettres, Professeur émérite à l’Université de Bamako, Conseiller spécial du Premier ministre, Directeur de cabinet du Premier ministre, Chef de cabinet du ministre de l’Économie numérique et de la communication, Directeur général de l’IUG, Directeur de cabinet du Secrétaire aux Affaires culturelles du BEC-UDPM, et Expert auprès du BEC-UDPM avec rang de Conseiller technique. Le Professeur Singaré fait partie des témoins vivants de l’indépendance du Mali et des bouleversements politiques qui ont marqué notre histoire.

À l’âge de 78 ans, ce vétéran rend un hommage vibrant à l’ancien président défunt, le Général Moussa Traoré.

Né à Sébétou, à 14 km de Kayes, le 25 septembre 1936, Moussa Traoré était le fils de Daba, un ancien combattant de l’armée française, et de Founé Traoré. Dès son jeune âge, il se distinguait en obtenant les meilleurs résultats à ses examens, depuis l’école régionale de Kayes en octobre 1944 jusqu’à son Certificat d’Études Primaires Élémentaires (CEPE) en 1950, où il se classait en première position.

Son parcours exceptionnel se poursuivait avec sa réussite au concours d’entrée à l’École des Enfants de Troupes de Kati en 1950, à l’examen de sortie en 1955, et au concours d’entrée à l’École des Officiers Ressortissants des Territoires d’Outre-Mer (Efortom) de Fréjus en 1959, où il se distinguait à nouveau en obtenant le rang de major. En 1961, il réussissait également l’examen de sortie et obtenait le brevet de parachutiste avec une spécialisation dans l’administration générale.

Moussa Traoré servit sous les drapeaux en tant qu’instructeur au Mali et dans la sous-région, occupant successivement les grades de sergent à Kankan (Guinée), sergent-chef à Fréjus, et sous-lieutenant à Bamako. Il fut également instructeur en Tanganyika dans le cadre de la formation des combattants luttant contre l’apartheid en Afrique du Sud, et il participa au transport d’armes au Congo Léopoldville pour le compte des lumumbistes.

Son ascension au pouvoir le 19 novembre 1968 marqua un coup d’État contre le président Modibo Keïta, avec le soutien de quelques lieutenants et capitaines. Cette action aboutit à la cooptation de plusieurs officiers pour constituer un Comité Militaire de Libération Nationale (CMLN) de 14 membres. La suspension de la Constitution, la dissolution de la Délégation législative qui tenait lieu d’Assemblée nationale, et la dissolution du Comité National de Défense de la Révolution (CNDR) furent les premières mesures prises.

Gérer le pouvoir ne fut pas une tâche aisée pour le Général Moussa Traoré, mais il fit preuve d’écoute envers la population et prit plusieurs mesures significatives, notamment la suppression de la milice populaire, des champs collectifs, et des avis de mouvement. Il contribua également à la libéralisation du commerce, à la restauration de la libre circulation des personnes et de leurs biens, ainsi qu’à la préservation de la liberté de pratiquer sa religion. Il fit face à plusieurs tentatives de coup d’État et de déstabilisation, tout en gérant des contestations scolaires et estudiantines.

Dans le cadre du retour progressif à la vie constitutionnelle, il créa deux organisations démocratiques, l’Union Nationale des Femmes du Mali (UNFM) et l’Union Nationale des Jeunes du Mali (UNJM), ainsi qu’un parti unique constitutionnel, l’Union Démocratique du Peuple Malien (UDPM).

Parmi ses réalisations emblématiques, il est impossible de ne pas mentionner la construction des barrages de Sélingué et de Manantali, la route Sévaré-Gao, la SEPOM à Koutiala et la SEPAMA à Kita, la création de la CMDT, l’extension de la COMATEX, la modernisation de l’armée nationale avec sa structuration en armée de terre, armée de l’air et génie, ainsi que l’institution de l’école malienne sous sa forme actuelle, avec la création de nombreuses Grandes Écoles.

Moussa Traoré a laissé une empreinte indélébile dans l’histoire du Mali.

Tandina KADA

Mali24.info

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