Souveraineté : L’AES résiliente, mais…. !

Au terme d’un an d’existence, l’AES tient plus que jamais à sa souveraineté décisionnelle. Mais sans un changement majeur dans la gouvernance, sans un effort immense dans la formation des ressources humaines, sans un plan de communication hardi, sans l’engagement du citoyen lambda à jouer sa partition de façon optimale avec un travail axé sur le résultat sur tous les plans, point de chance pour l’établissement d’un rapport de forces bénéfique pour les peuples de l’AES !

Dans ce juste combat de libération totale, au propre comme au figuré, le citoyen lambda, où qu’il se trouve dans l’espace AES, doit jouer sa partition de façon optimale avec un travail axé sur le résultat sur tous les plans, en général : en général : économique, politique, éducationnel sécuritaire, environnemental, financier, sportif, artistique, culturel, citoyenneté, développement. Sans la concrétisation de ces différents efforts, toutes les initiatives entreprises seraient à l’instar des tonneaux de Danaïde.

Pour ce faire, l’exemple doit venir d’abord des plus hautes autorités, à la clé un comportement vertueux, une bonne communication sur l’action gouvernementale. Mais pour l’heure, c’est sur le seul de la souveraineté décisionnelle que les clignotants sont au vert.

Or pour toute action sur le théâtre des opérations militaires à l’ère de Barkhane, du G5 Sahel et de la Minusma, il fallait toujours l’aval de la France ou de la Minusma, des officiers français, auxquels revenait le dernier mot. Par exemple, lors de la visite tragique de l’ex-Premier ministre Moussa Mara, à Kidal le 21 mai 2014, tacitement ni la France ni la Minusma n’avaient donné leur accord. On connaît la suite.

Des restrictions de déplacement étaient imposées à nos forces de défense et de sécurité, une partie de l’espace aérien malien était interdite à nos vecteurs aériens, si bien que l’évacuation de nos blessés du front ou des soldats tombés sur le champ de l’honneur se faisait sur le tard ou jamais.

Par ailleurs, lors des sessions traditionnelles annuelles tenues en septembre, au Conseil de sécurité des nations unies, c’est la France qui faisait office de porte-plume au nom du Mali jusqu’en 2020. Tout cela n’est plus qu’un lointain souvenir.

Ce qui est absurde, c’est le blocage des avoirs logés à la BCEAO des Etats membres de l’AES, suite au putsch de rectification du 24 mai 2021 au Mali, celui du 30 septembre 2022 au Burkina Faso et celui du 26 juillet 2023 au Niger, avec la bénédiction d’Emmanuel Macron et de ses faire valoir Ahmed Bola Tinubu, Alassane Dramane Ouattara, Macky Sall et Patrice Talon, respectivement du Nigéria, de la Côte d’Ivoire, du Sénégal et du Bénin. Aujourd’hui, tous ces anachronismes de la CEDEAO et de l’UEMOA ont été jetés à la poubelle de l’histoire.

Au fait, pour le bonheur des peuples de l’AES, la lutte contre le terrorisme est menée conjointement par les forces de défense de l’AES. A preuve, les vecteurs aériens du Burkina Faso et du Mali étaient entrés en action pour pilonner les positions ennemies à Tinzawatten du 22 au 27 juillet dernier. Quand l’Ukraine a annoncé avoir aidé les terroristes, suite à l’attaque de la patrouille de l’armée malienne à Tinzawatten, suscitant l’ire des autorités maliennes, les Etats membres de l’AES ont unanimement dénoncé cet acte, et de concert, ont porté plainte contre l’Ukraine devant le Conseil de sécurité, pour apologie du terrorisme et de soutien actif aux groupes armés terroristes. Par conséquent, ils ont jugé nécessaire de rompre leurs relations diplomatiques avec l’Ukraine.

Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, depuis plus de 60 ans, les entreprises françaises implantées au Mali, au Burkina Faso et au Niger s’acquittent du paiement de leurs fiscs en France. Il a été mis fin à ce vol qui ne dit pas son nom. Désormais, toutes les sociétés françaises opérant dans l’espace AES payent rubis sur ongle, leurs impôts et taxes dans les Etats membres de l’AES. De même les 11 Accords Scélérats Coloniaux, qui entravaient l’essor économique des ex-colonies françaises ont été résiliés.

C’est au nom de cette souveraineté décisionnelle que l’AES, dans la Charte du Liptako-Gourma, a spécifié qu’elle ne compte que sur ses ressources propres pécuniaires pour financer son fonctionnement. Pour ce faire, ses dirigeants doivent faire leur «homework», c’est -à dire leur devoir à domicile, en construisant des capacités de réflexion et d’action à l’échelle de la communauté économique de l’AES.

Mieux c’est un impératif pour ses membres de mettre sur pied une structure indépendante, dédiée au contrôle du plan d’action gouvernementale de façon incessante, genre suivi-évaluation de tous les ministères et de toutes institutions de la République. En plus, les ministres triés sur le volet à partir de critères de compétence et d’intégrité voire d’engagement, doivent faire plus de visites inopinées sur le terrain, pour s’assurer de la concordance de l’effectivité des réalités de l’action avec la teneur des discours débités, des rapports d’activités reçus.

Déjà pour sa part, le Mansah, structure panafricaine sous la houlette d’Alain Foka, journaliste camerounais, de Jules Domche, journaliste et politologue d’origine camerounaise, de l’avocate malienne, au barreau de Paris, Mme Sidibé Fatoumata Diarra et nombre d’analystes africains d’horizons divers, organise  régulièrement des panels relayés par les Web TV des réseaux sociaux. On peut affirmer qu’ils ont donné le ton pour un éveil de conscience africaine, en planchant sur le devenir économique, social, financier, culturel et monétaire, comme forces de propositions, pour sortir nos pays de l’ornière. Cette initiative a vu le jour à Lomé en 2023.

In fine, sans un changement majeur dans la gouvernance, sans un effort immense dans la formation des ressources humaines, sans un plan de communication hardi, après avoir fixé le cap, point de chance pour l’établissement d’un rapport de forces bénéfique pour les peuples de l’AES ! C’est aussi clair que l’eau de roche !

Mohamed Koné

le challenger

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