Tabaski 2024 : Les moutons attendent… mais les acheteurs se font rares
À l’approche de la fête de Tabaski, aussi appelée « fête du mouton », l’effervescence habituelle tarde à se faire sentir sur les marchés à bétail de Bamako. Cette année, la célébration intervient dans un contexte de vie chère, où se nourrir trois fois par jour relève déjà d’un véritable défi pour de nombreux ménages maliens.
Face à une crise multidimensionnelle — économique, sécuritaire et sociale — les revenus sont en berne, et la priorité pour beaucoup reste la satisfaction des besoins de base. Dans cette dynamique de résilience forcée, les fêtes se succèdent sur fond de pauvreté extrême, rendant difficile l’accomplissement des rituels religieux dans la dignité.
La Tabaski, fête de partage et de sacrifice, impose une dépense particulièrement élevée pour l’achat du mouton, symbole central de cette célébration. Bien que le sacrifice ne soit pas une obligation stricte en islam pour les personnes n’en ayant pas les moyens, la pression sociale transforme ce geste en devoir incontournable pour les chefs de famille. Ainsi, le « mouton de la Tabaski » devient un marqueur d’honneur familial.
Mais cette année, l’exception semble être la règle. Les parcs à bétail sont bien garnis — notamment à Faladié, Sans fil, Niamana, Lanfiabougou ou encore Boulkassoumbougou — mais les acheteurs se font désirer. Certains éleveurs, obligés de faire du porte-à-porte, forment de petits groupes ambulants pour tenter d’écouler leurs bêtes.
« À deux jours de la fête, l’affluence devrait être à son comble. Mais cette année, c’est le calme plat », confie un vendeur rencontré à Faladié. Il ajoute : « Les clients recherchent surtout les moutons moyens, entre 75 000 et 150 000 francs CFA. »
Approché par notre rédaction mali24, un potentiel acheteur s’indigne : « Les moutons sont inaccessibles. Même les plus petits sont à 100 000 FCFA. Ce n’est plus un simple sacrifice, c’est un luxe ! Si les prix ne baissent pas d’ici demain, je vais m’associer à trois ou quatre personnes pour acheter un bœuf et partager la viande. »
À l’évidence, la Tabaski 2025 reflète une réalité économique morose, où même les traditions les plus ancrées sont confrontées à la dure loi du marché.
Ibrahima Traoré dit IB
Source : Mali24
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