Taxe sur la téléphonie mobile et ses clients : Le ministre Sanou peine à convaincre
L’actualité brûlante au Mali est marquée par une nouvelle taxation imposée aux sociétés de téléphonie mobile et à leurs clients, justifiée par le gouvernement au nom de la souveraineté économique.
Dans un exercice de communication visant à faire accepter ces nouvelles taxes – notamment le prélèvement sur les recharges de crédit téléphonique et une taxe de 1 % sur les retraits via Orange Money – le ministre de l’Économie et des Finances, Alousséni Sanou, a tenté de rassurer les populations pendant plus d’une trentaine de minutes. Cependant, son argumentaire n’a pas convaincu l’opinion publique.
Le lundi 10 février 2025, à la Primature, le Premier ministre, le Général de Division Abdoulaye Maïga, a tenu à expliquer les motivations et objectifs de la réforme du Code général des impôts, adoptée en Conseil des ministres le 5 février 2025. Cette réforme porte notamment sur la taxe d’accès aux réseaux de télécommunication, la taxation de certains biens et services – comme les boissons alcoolisées – ainsi que la contribution citoyenne à travers les recharges téléphoniques et les transactions de mobile money.
Pour cette occasion, le chef du gouvernement était accompagné du ministre de l’Économie et des Finances, Alousséni Sanou, du ministre de l’Énergie, Boubacar Diané, et du ministre de la Communication, Alhamdou Ag Ilyène.
Le ministre Alousséni Sanou a apporté des précisions techniques sur l’application des nouvelles taxes, affirmant qu’elles devraient générer plus de 100 milliards de francs CFA destinés au financement de projets prioritaires. Concernant la Taxe sur l’Accès aux Réseaux de Télécommunications (TARTOP), il a précisé que l’impôt sur le chiffre d’affaires passera de 8 % à 10 %, répartis comme suit :
- 5 % pour les impôts,
- 1 % pour l’AMRTP,
- 2 % pour l’accès universel via l’AGEFAU,
- 2 % pour un fonds spécial.
Il a également insisté sur le fait que ces contributions permettront la réalisation d’infrastructures et de projets à impact direct, en assurant la transparence de leur gestion.
Appuyé par le Premier ministre, le Général Abdoulaye Maïga a réaffirmé la volonté des autorités de placer le peuple au centre des décisions politiques. Il a également appelé à l’unité nationale face aux défis économiques et sécuritaires, dénonçant les « manipulations » autour de la crise énergétique, qu’il accuse d’être utilisées comme un outil politique par certains acteurs.
Une population sceptique
Malgré ces explications, la mesure ne passe pas auprès de la population. De nombreux Maliens s’interrogent sur la pertinence de taxer des citoyens déjà durement éprouvés par la crise économique, alors que le budget des institutions ne cesse d’augmenter. « La souveraineté économique doit commencer par la réduction du train de vie des premiers responsables », écrit Amadou Sylla sur sa page Facebook.
Dans les grins et les cercles de discussion, l’indignation est palpable. Beaucoup estiment que cette taxation frappe en priorité les couches les plus vulnérables, alors que le coût de la vie ne cesse d’augmenter et que manger trois fois par jour devient un luxe pour certains.
Face à cette grogne populaire, le Premier ministre tente de rassurer en affirmant que cette réforme ne vise pas à abuser de la résilience des Maliens, mais à garantir un avenir plus stable pour le pays. Toutefois, pour une grande partie de la population, le message n’a pas eu l’effet escompté.
Dily Kane
Source : Mali24
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