Travail domestique des enfants : l’ADDAD tire la sonnette d’alarme avec des chiffres glaçants
8 cas de violences sexuelles, 37 cas de violences physiques et plus de 60 prises en charge sanitaires en 2024. Ces chiffres effrayants, révélés par Mme Diallo Sitan Fofana, présidente de l’Association de Défense des Droits des Aides Ménagères et Domestiques (ADDAD), rappellent l’ampleur du fléau que représente le travail domestique des enfants au Mali.
C’est à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le travail des enfants, célébrée chaque 12 juin, que l’ADDAD, en partenariat avec plusieurs acteurs engagés, a organisé une rencontre d’envergure ce mercredi 25 juin 2025. L’événement a mobilisé plusieurs personnalités et structures, dont M. Amadou Thiam, directeur national de la Cellule de lutte contre le travail des enfants, M. André Pascal Coulibaly de l’ONG World Vision, le directeur d’Enda Mali, ainsi que les membres de l’ADDAD et de nombreux invités.
Placée cette année sous le thème « Les progrès sont visibles, mais il reste beaucoup à faire : accélérons nos efforts », la célébration s’inscrivait dans le cadre du projet JOFA ACTE (Agir Contre le Travail des Enfants), qui vise non seulement à éradiquer les pires formes de travail des enfants, mais aussi à promouvoir l’autonomisation des femmes.
Dans son intervention, Mme Diallo Sitan Fofana a souligné que le travail domestique, souvent invisible, est l’une des formes les plus négligées du travail des enfants. Majoritairement accompli par des jeunes filles, il se déroule dans des conditions précaires, sans protection ni reconnaissance, exposant les victimes à des abus physiques, psychologiques, sexuels, mais aussi à l’absence d’accès à l’éducation et à des charges de travail démesurées.
Un tableau alarmant dressé par l’ADDAD
Selon les données communiquées par l’ADDAD, en 2024 :
- 8 cas de violences sexuelles ont été recensés,
- 37 cas de violences physiques,
- 62 cas de prises en charge sanitaires, dont 4 grossesses précoces,
- 13 cas de médiation ou réinsertion familiale,
- 35 cas de déni de ressources,
- 247 interventions entre aides ménagères et employeurs,
- et 68 enfants accompagnés dans divers processus de soutien.
Ces chiffres, selon Mme Fofana, doivent alerter les autorités et l’opinion publique sur l’urgence d’agir pour protéger ces enfants, dont les droits fondamentaux sont bafoués quotidiennement.
Appel à l’action collective
Pour M. Amadou Thiam, la Journée mondiale est une occasion de renforcer le plaidoyer auprès des décideurs, en vue d’une synergie d’actions à tous les niveaux. Il a appelé à une application stricte des textes nationaux et engagements internationaux en la matière, tout en saluant le travail de l’ADDAD.
- André Pascal Coulibaly, représentant de World Vision, a pour sa part insisté sur l’importance du respect des conventions ratifiées par le Mali, notamment celles interdisant les pires formes de travail des enfants.
La cérémonie a été ponctuée par une représentation théâtrale de sensibilisation, illustrant les dangers liés au travail des enfants dans les foyers.
Cette célébration aura ainsi permis de remettre au centre des débats une problématique encore trop souvent reléguée au second plan. L’ADDAD, par son engagement, espère faire bouger les lignes, mobiliser la société et interpeller les décideurs afin de bâtir un avenir plus digne pour les enfants domestiques.
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