Voyous de la BICIS, devenue SUNU Bank Documents exclusifs
Une affaire qui intrigue et émeut sur la place bancaire dakaroise. Un gangstérisme à haute voltige aux allures d’un film cow-boy opéré, sans aucune base juridique, sur le coffre-fort N°07/244, logé à la BICIS, filiale de la major française BNP Paribas, propriété d’une femme d’affaires ivoirienne établie à Abidjan, du nom de Awa DIOP. En complicité avec de hauts responsables de l’institution, rachetée le 28 juillet 2022 par l’assureur panafricain SUNU, dont en première ligne, son Directeur Général Samir MEZINE, qui devra faire bientôt l’objet d’un mandat d’arrêt international pour ” abus d’autorité, vandalisme et prédation à outrance”, le litige porté devant le 8ème cabinet qui joue au ping-pong, après une notification officielle adressée à l’actuelle ministre sénégalaise de la Justice, amorce la dernière ligne droite. Le silence méprisant du repreneur SUNU, abusé ou trahi, ronge sa bêtise déconcertante, pour n’avoir pas été vigilante dans la due diligence- acquisition. Confidentiel Afrique, qui a épluché en exclusivité plus de 120 pages du document de la plaignante, revient sur cette hallucinante expropriation illégale. Exclusif
Awa Diop, résidente à Abidjan, en Côte d’Ivoire accuse la banque internationale pour le commerce et l’industrie du Sénégal (Bicis, filiale sénégalaise de la major française BNP Paribas), devenue SUNU, suite à son rachat intervenu le 28 juillet 2022 et son ancien directeur général au moment des faits, Samir Mezine, d’être à l’origine de la disparition de ses bijoux et autres pierres précieuses, dont la valeur marchande serait estimée à plus de 6 milliards de FCFA (soit 10 millions d’euros).
Le coffre- fort dont il est question, a été ouvert à la Bicis Dakar par la dame Awa DIOP, établie à Abidjan, depuis 2007. Enregistrée sous N°07 /244, Mme Awa Diop mettait régulièrement ses bijoux, pierres précieuses en diamant, des originaux de titres fonciers, d’actes de donation d’immeubles et autres actes administratifs dans son coffre N 07 /244 inscrit sur les livres de la filiale BNP Paribas, sise avenue Léopold Sédar Senghor.
Flopée de faits révulsants
La Bicis sous prétexte que depuis quatre ans, les 149 coffres, sont restés inactifs, a procédé devant huissier de justice, sans aucune base juridique, à l’ouverture des coffres sur la période du 22 juin au 30 juillet 2020. Parmi les coffres ouverts, figure le coffre N 07 /244 appartenant à Mme Awa Diop. En présence de Mme Ata Sarr Wade, chargée de fonctions administratives Back Office Produits, de Mme Léontine Manga, responsable de la caisse centrale de la Bicis, représentant la Bicis, de M. Abdoulaye Guèye, serrurier de l’entreprise EAG. Après l’ouverture du coffre N 07/244 , l’huissier a établi un procès verbal de constat. N’étant pas au courant des faits, Mme Awa Diop a été surprise de voir que son coffre a été ouvert sans en être informée et sans consentement. Pire encore, elle a découvert leur forfait deux ans après. Le 19 janvier 2023, la femme d’affaires ivoirienne d’origine sénégalaise, de par son père, a constaté que les clés dudit coffre qu’elle détenait n’arrivaient plus à l’ouvrir.
Inquiète par ce qu’elle vient de constater et de subir, Mme Awa Diop a été aussitôt informée par des responsables de la banque que son coffre a été ouvert et mis dans un endroit sécurisé. Afin de ne pas tomber dans leur piège, Awa Diop a fait appel à un huissier pour également constater ce qui se trouvait dans son coffre déjà ouvert à son insu.
Confirmation du forfait des agents de la Bicis et dépôt de plaintes
Ayant la confirmation qu’elle a été dépossédée de la quasi-totalité de ses bijoux, la dame Awa Diop décide de porter l’affaire au niveau de la justice. Un ballet judiciaire sans répit commence. A la suite d’une plainte déposée par A. Diop, une enquête a été confiée à la Dic avant l’ouverture d’une information judiciaire confiée au juge du 8ème Cabinet. Dans la plainte, l’avocat sénégalais, Me Ciré Clédor LY, réputé procédurier insatiable, explique en détails, à travers un document en possession de Confidentiel Afrique, le contenu du coffre- fort de sa cliente «constitué notamment de 55 .000 grammes d’or ainsi que des bijoux en or et en diamants d’une valeur de 1.870.000.000 FCFA ; de même que des bijoux sertis de pierres précieuses d’un montant évalué à 1.287.827.000 FCFA; et enfin la somme de 598.091.758 Fcfa ainsi que des propriétés acquises au Sénégal et en Côte d’Ivoire sans compter des objets de jeunesse valeurs affectives depuis maintenant 17 ans». Comment l’administration compétente de l’institution bancaire s’est donnée le droit de vider un coffre- fort d’une cliente, sans aucune base juridique et pour quels motifs ? Du pur vandalisme qui ne dit pas son nom. Là, selon plusieurs spécialistes mis à contribution, pour les besoins de nos investigations, le délit de vol et d’expropriation illégale est avéré. Selon Mme Awa Diop, la valeur réelle des bijoux qui étaient contenus dans le coffre fort 07/244 de 2007 jusqu’aux moments du braquage opéré par les autorités de la BICIS, filiale de la major française BNP PARIBAS, en 2022 ( soit 17 ans de stockage est de 3 157 827 000 Fcfa). Il s’y ajoute les dépenses comprises entre billets d’avions, hôtels, locations de voitures, honoraires d’avocat, frais d’ouverture de dossier d’avocat, les honoraires des différents huissiers, qui font passer le préjudice à 3. 767 063. 358 FCFA.
Le banquier Samir MEZINE, le voyou en col blanc, instigateur du braquage inédit
Au moment des faits, la BICIS était dirigée par Samir MEZINE, qui venait de remplacer le franco-belge Bernard LEVIE, qui avait décidé de jeter l’éponge, pour convenance personnelle. Sa démission avait été révélée en exclusivité il y a quelques mois par Confidentiel Afrique. Beaucoup de zones d’ombre entouraient ce départ. Serait-il lié à cette sordide affaire de braquage de coffre-fort ? Dans sa plainte, Awa Diop accuse Samir MEZINE comme étant le principal responsable du « vandalisme » de son coffre-fort en complicité avec d’autres agents de la Bicis, qui avaient la grande responsabilité de la garde des coffres-forts. Pour tous les préjudices matériaux et moraux, la dame Awa Diop demande une réparation de 7. 000. 000 000 FCFA. Les dommages connexes depuis l’éclatement de l’affaire devraient ramener le coût des préjudices cumulés à la bagatelle de 10 milliards de FCFA. Selon des investigations de Confidentiel Afrique, la responsabilité de l’ancien Directeur Général de BICIS, au moment des faits, est bien engagée. Si la situation perdurait, sans vider le contentieux, devenu un long fleuve agité et un véritable goulot d’étranglement pour le 8 ème cabinet, dirigé par Me Ababacar DIOP, Samir MEZINE, l’instigateur pourrait dans les jours à venir, faire l’objet d’un mandat d’arrêt international par des juridictions compétentes, spécialisées dans ce genre de délits, qui vont se saisir de l’affaire. Le plus ahurissant, est que, depuis l’éclatement du dossier Awa DIOP-BICIS, devenu SUNU, depuis le 28 juillet 2022, aucune des deux parties, n’a essayé ou opté une posture de gentleman, afin de rassurer la plaignante et de trouver une issue heureuse au litige. Mieux, les autorités de BNP Paribas, sans sourciller, ont promu Samir MEZINE aux commandes de la BMCI, filiale marocaine de la major bancaire française. Quel mépris! Comme un apnée, qui siphonne tout sur son passage, le banquier Samir MEZINE s’est révélé à la face du monde, le clone du célèbre film » Terreur dans la Ville » de Jonh Wayne. Son braquage sur la place financière dakaroise, à quelques semaines du rachat de BICIS par le groupe SUNU, reste inédit et constitue un cas d’école pour le « code d’honneur de bonne gouvernance bancaire ». Une confidence autorisée a glissé à Confidentiel Afrique, que Samir MEZINE, sachant, qu’il était dans la » merde », aurait demandé discrètement à une sociéte de sécurité de la place, de lui fournir une protection rapprochée pour ses mouvements. Ce dossier Awa DIOP cache aussi plusieurs zones d’ombre. Le retard à l’allumage dans le traitement du litige par le 8 ème cabinet, dirigé par Me Ababacar DIOP, qui traîne des pieds, suscite des interrogations. Qui cherche à faire étouffer ce banditisme bancaire à haute voltige ? À qui profite ce vol supersonique, inégalé jusqu’ici ? L’affaire du braquage du coffre- fort 07/244 a pris de l’ampleur jusqu’aux officines insoupçonnées du pouvoir. Selon des informations exclusives crédibles en possession de Confidentiel Afrique, la plaignante a saisi la ministre sénégalaise de la Justice, Me Aissata TALL SALL, via une correspondance datée du 09 novembre 2023 et, dans laquelle la femme d’affaires ivoirienne, faisait part du litige l’opposant à la BICIS suite à la disparition de ses bijoux, constatée après l’ouverture de son coffre-fort. Réponse sans appel de la ministre Me Aissata TALL SALL en date du 22 novembre 2023. Extraits du courrier du ministre: » Les autorités judiciaires compétentes ont été saisies de votre plainte, qu’elles traiteront avec toute l’attention requise et dont la suite vous sera communiquée…. » Voilà que moins de deux mois seulement, l’affaire à la fois délicate et sensible chez les autorités, est restée, toujours, sans suite. Nous apprenons, dans la même foulée, que Mme Awa DIOP, a saisi le Procureur de la République, aux fins d’un réquisitoire supplétif dans une correspondance datée du 09 novembre 2023. Idem chez le Procureur de la République, qui joue les prolongations. Deux pièces jointes ont été servies, ce faisant, au Procureur. Une plainte de l’avocat commis, Me Clédor Ciré LY, pendante toujours devant le 8ème cabinet et une deuxième faisant office de justicatifs indéniables du vol du coffre-fort, introduite par Mme Awa DIOP. La vérité éclatera un jour, car, la victime, se dit prête à abattre toutes ses cartes, pour se faire entendre et se faire justice.
Bêtise déconcertante du repreneur SUNU dans sa due diligence d’acquisition
Le dossier qui intrigue autant sur la place financière dakaroise fait sans doute, des dégâts collatéraux. Le nouveau repreneur de BICIS, l’assureur panafricain SUNU, hérite ainsi d’une patate chaude. Pour manque de vigilance et de rigueur dans la due diligence pré- acquisition, le groupe SUNU, bâti dans la transpiration par son fondateur, Feu Pathé DIONE, s’est « fait avoir ». Les nuits sont laborieuses et cauchemardesques pour la patronne de SUNU, l’égérie Mme AW née Coumba TEUW, qui a pris fonction le 26 mai 2023. En s’offrant la BICIS, l’assureur panafricain prend sous ses ailes, le passif et l’actif de la banque. Les accords d’acquisition sont intervenus le 28 juillet 2022 avec le Groupe BNP Paribas, donc SUNU, à priori, se mettait la corde au cou, avec ce « fumeux et sordide vandalisme » que le lui a laissé le voyou ex-patron de BICIS, Samir MEZINE, lequel trône depuis le 1er Juin 2023 à la tête de la BMCI, filiale marocaine du groupe français BNP Paribas, sans crainte de représailles judiciaires, après le supplice infligé à la propriétaire du coffre numéro 07/244. Le silence méprisant des autorités bancaires françaises et du nouveau repreneur agace plus d’un, mais surtout chez les initiés du secteur bancaire et financier. Même si le contentieux entre BICIS et la dame Awa DIOP existait bien avant le rachat de la banque par le groupe SUNU, la responsabilité de « vigie orthodoxe » du repreneur dans ses missions de due diligence pourrait être prise en compte, voire apparaître assez flagrante. Les nouvelles autorités à la tête de l’ex-filiale sénégalaise BNP Paribas, accepteront-elles d’aller dans le sens d’une prise en charge rapide du litige, dans le cadre d’une médiation pénale, afin d’éviter de balafrer l’image emblématique de SUNU et éviter, à tout prix, le départ sans précédent des potentiels détenteurs de coffres-forts, logés dans les livres du repreneur SUNU, et, qui risque d’engendrer à la longue une saignée financière de grande ampleur ? Avec ce litige qui perdure, autant les semaines à venir seront décisives pour la justice sénégalaise, autant les autorités de BNP Paribas et de SUNU, devront trouver des arrangements à l’amiable, pour éviter un psychodrame bancaire. Un précédent fatal pour la quiétude des milliers de clients, qui confient leurs biens aux banques.
Affaire à suivre
Par Hugues DESORMAUX et Ismael AÏDARA (Confidentiel Afrique)