Mali : la liberté de la presse sous pression
Ce vendredi 03 mai 24, la presse célèbre la journée internationale de la liberté de la presse, une journée dédiée à la réflexion sur la liberté de la presse et l’éthique journalistique. C’est également l’occasion de rappeler aux gouvernants leur engagement en faveur de la liberté de la presse et de rendre hommage aux journalistes disparus ou tués dans l’exercice de leur profession. Au Mali, trois journalistes sont actuellement pris en otage, sans oublier la disparition de Birama Touré depuis janvier 2016.
Dans un contexte sécuritaire précaire, marqué par l’instabilité politique et les difficultés économiques, l’exercice du métier de journaliste est devenu ardu. Les détenteurs du pouvoir se méfient des médias, les considérant comme une menace à leur autorité plutôt que comme des contre-pouvoirs nécessaires à une bonne gouvernance. Ce préjugé crée un climat de tension entre les médias et les autorités, et conduit à des tentatives de surveillance de la presse. Par ailleurs, certaines dispositions de la loi sur la cybercriminalité constituent des menaces pour l’exercice de la profession journalistique. Les journalistes en ligne sont particulièrement exposés, d’où la nécessité de réexaminer ces dispositions.
Parallèlement, certaines figures influentes sur les réseaux sociaux, manipulées par des tiers, dénigrent la presse de manière systématique. Pendant la transition, cette pratique de discréditer les personnes honnêtes ou les institutions auprès du public est malheureusement courante.
Malgré ces tentatives, les médias restent influents pour orienter l’opinion publique sur les faits. Toutefois, des mesures restrictives sont mises en place pour limiter leur liberté, notamment par des dissuasions et des décisions liberticides de la Haute Autorité de la Communication (HAC).
La crise économique aggrave la situation, avec la suspension de l’aide aux médias et la raréfaction des partenaires financiers en raison du contexte politique. Sur les 250 journaux du pays, seuls une vingtaine sortent quotidiennement. Les radios, télévisions souffrent également de la redevance imposée par la HAC et de la diminution des annonces publicitaires.
Face à cette pression, les journalistes s’autocensurent pour éviter de froisser le pouvoir en place et pour préserver leurs contrats publicitaires. Ils vivent dans la peur constante d’être enlevés ou de perdre leur gagne-pain, mettant ainsi en péril la liberté de la presse pendant cette période de transition.
En conclusion, la liberté de la presse est sérieusement menacée au Mali, avec des journalistes contraints de naviguer dans des eaux troubles où la peur et l’incertitude règnent en maîtres.
Modibo FOFANA
Président de l’Association des Professionnels de la Presse en Ligne (APPEL MALI)