Les rites et traditions : « Sauver ce que la parole du Mandé a de vrai et d’universel. »

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Le débat sur le site controversé de Kurukanfuga est loin d’être clos.En effet, tous les articles contenus dans cette fameuse charte de Kurukanfuga sont de très loin antérieurs au règne de Soundiata Keita au Mandé. Par exemple le Senankounnya fut une valeur cardinale de l’empire de Wagadou.Il doit surtout au Senankounnya « parenté à plaisanterie » ou parenté cathartique, sa longévité exceptionnelle .

Le Pr Youssouf Tata Cissé a rencontré en compagnie de son fidèle griot le célèbre Wa Kamissoko, les traditionnalistes les plus connus dans la région et visité les provinces de Banna, du Solon, du Baya etc, ainsi que plusieurs sites des villages historiques. Seules les ruines de Dagadiala sises entre trois collines à proximité du Niger et à quarante kms au sud de Bamako ne furent pas visitées. La raison : « Pour respecter la mémoire de Magan Soundiata, fondateur de l’empire du Mandé, qui repose en ces lieux ou il est né et ou il a regné sur le Mandé. »me dit Wa Kamissoko.Le site de Dagadiala a-t-il alors été intelligemment remplacé par celui de Kurukanfuga, pour des raisons que nous ignorons pour le moment ou plus prosaïquement plaire aux « princes du jour »les Keita de Kangaba

Pour avoir trahi tous les deux la mémoire des ancêtres sur le lieu dit de Kurukanfuga, les présidents ATT et IBK ont perdu leur pouvoir dans des conditions pour le moins iconoclates. Les deux pierres posées face à face symbolisent en effet le souvenir de la fameuse rencontre entre Samory Touré et le chef de village de Kaaba, Mambi Keita connu également sous le nom de Kaaba Mambi. C’est au lendemain de cette rencontre historique, que fut commis l’innommable « massacre de Kienieroba » et dont les historiens et chercheurs en firent peu cas dans leurs écrits.

La charte de Kurukanfuga est pleine de contre-vérités historiques et il nous appartient de toute la vérité historique concernant surtout le rôle premier du site de Dagadiala considéré par les traditionnistes les plus sérieux, comme le lieu dit du « grand rassemblement » après la victoire de Soundiata sur le roi Soumaoro. En effet, ce sont les traditions les plus anciennes du Mandé, dont celles de Krina qui authentifient cette version et corroborées par d’autres récits encore vivants dans la région. Mais après bien des années de falsification de cet important pan de l’histoire du Mandé, on a comme l’impression que ce  » mythe » de Kurukanfuga brandi comme un glorieux trophée de guerre continue de flatter le nationalisme ombrageux de plisuerus « patriotes »maliens d’ici et d’ailleurs. A tort ! quand on sait par ailleurs que les malinkés n’ont fait que reproduire les structures sociales et politiques du premier Empire de Wagadou, point de départ de leur migration massive vers la haute vallée du Niger, berceau des premiers royaumes du Mandé.

B.CAMARA, journaliste, Chercheur

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