Rencontre des légitimités traditionnelles : La candidature d’Assimi Goita sera-t-elle suscitée aujourd’hui au CICB ?
Remis dans la plénitude de leurs pouvoirs, l’ensemble des chefs de villages des 19 régions et du District de Bamako vont converger, aujourd’hui au Centre international de conférence de Bamako, pour célébrer la journée consacrée aux légitimés traditionnelles. L’événement est placé sous la présidence du président de la Transition fraîchement promu au grade de Général d’Armées et qui pourrait être hissé au rang de porte-drapeau par les légitimités traditionnelles.
Derrière la fête et les retrouvailles se cacherait un autre événement, selon les indiscrétions. On parle notamment d’une confirmation de la candidature du président de la Transition à la prochaine présidentielle. En effet, à la différence du Dialogue National Inter-Maliens, où la demande s’est invitée aux débats à l’improviste, les légitimités traditionnelles pourraient imposer la décision au chef de l’Etat et l’inciter à se prononcer finalement sur ses intentions de briguer la magistrature suprême. Fraîchement dotés de statut qui leur permet de prendre part à certaines décisions sur le devenir de la Nation, ils auraient probablement à cœur de le rendre au chef de l’Etat, à défaut d’une nouvelle prorogation du délai de la Transition, par l’assurance d’un mandat politique sous le signe d’une réhabilitation de la grandeur passée du Mali.
Quoi qu’il en soit, si l’on devrait appliquer au pied de la lettre les recommandations du Dialogue national inter-Maliens tel que promis par le chef de l’Etat à l’issue de cet événement, le président de la Transition ne saurait se dérober d’une éventuelle incitation à sa candidature dont il a peut-être pu tirer lui-même les ficelles. Somme toute, c’est au nom de ce dialogue qu’il porte désormais cinq étoiles sur ses épaules. En atteste, au demeurant, le silence intrigant de Koulouba devant les précédents appels de même nature, notamment ceux de soi-disant «Sages de Ségou» jadis acquis à une candidature unique d’Assimi Goïta et sans possibilité de concurrence.
Une initiative des chefs de villages serait-elle par ailleurs synonyme d’adhésion massive de leurs contrées respectives derrière leur mentor ? Rien n’est moins sûr, même si une candidature éventuelle d’Assimi Goiïta ne serait pas perçue d’un mauvais œil par une certaine frange des formations politiques qui voudrait en profiter pour émerger dans la forêt des mastodontes. Il n’est donc pas exclu qu’elle attire plus de soutiens politiques qu’attendu et qui pourraient compter dans la balance à l’heure de la polémique inévitable sur la légalité de la démarche. Le Dialogue National Inter-Maliens préconise en effet un acte de candidature contraire aux dispositions légales en vigueur, en lui épargnant jusqu’à l’obligation de se démettre de ses fonctions alors que la Charte de transition le rend déjà inéligible à la présidentielle par l’exercice de la fonction de président de la Transition. À moins que les décisions du DNIM et des légitimités traditionnelles ne s’impose comme des prescriptions normatives, il faut plus qu’un simple adoubement des participants à l’événement d’aujourd’hui pour lever les obstacles et ouvrir la brèche à la candidature d’Assimi Goïta.
Amidou Keita