Issa Kaou Djim : De gardien du temple à agneau sacrificiel ?

Il fut un temps où Issa Kaou Djim, figure emblématique du Mouvement du 5 juin – Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP), incarnait l’espoir de changement et la voix de la lutte contre l’ancien régime d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK). Aujourd’hui, cet acteur controversé, autrefois perçu comme le « gardien du temple » de la transition, assiste à l’effondrement de son étoile, laissant place à une descente aux enfers qui en fait un symbole des sacrifices politiques de l’ère actuelle.

Issa Kaou Djim semblait avoir tout pour réussir. Proche des militaires dès les premières heures de la transition, il jouissait d’une position influente en tant que membre du Conseil National de Transition (CNT), où il occupait le poste stratégique de troisième personnalité. Il était également l’un des fervents soutiens du président de la transition, le Général d’armée Assimi Goïta, qu’il surnommait affectueusement « le patriote et l’imperturbable ». Son rôle, à l’époque, était de défendre bec et ongles les militaires et leur projet de refondation du Mali.

Mais le temps, ce juge impartial, a bouleversé la donne. Progressivement, Issa Kaou Djim est passé de héros à persona non grata. Son éloignement de l’Imam Mahmoud Dicko, souvent présenté comme son mentor et beau-père, est perçu par certains comme un tournant défavorable, voire une malédiction.

Si, au début de la transition, il bénéficiait de nombreux privilèges, ceux-ci se sont progressivement évaporés avec l’apparition de tensions internes et l’émergence de désaccords sur la gestion de la transition.

Aujourd’hui, Issa Kaou Djim semble payer le prix fort de son passé tumultueux. Interdictions de voyager, interpellations, puis emprisonnement : sa chute a été brutale. Le 14 novembre 2024, il a été placé sous mandat de dépôt par le Pôle national de lutte contre la cybercriminalité. Les chefs d’accusation sont lourds : « Offense commise publiquement envers le chef d’État burkinabè » et « injures commises par le biais d’un système d’information ». Son procès, prévu pour le 12 février 2025, marquera sans doute un tournant décisif dans le destin de cet homme désormais en pleine tourmente.

Beaucoup voient dans la trajectoire d’Issa Kaou Djim l’histoire d’un homme sacrifié sur l’autel de la transition. De « gardien du temple », il est devenu un bouc émissaire, accusé d’avoir franchi les limites dans son rôle de critique acerbe. Mais au-delà de son cas personnel, cette situation illustre les réalités politiques maliennes : des alliances fragiles, des figures publiques devenues les premières victimes des jeux de pouvoir.

Le cas d’Issa Kaou Djim offre une leçon amère. De défenseur de la transition, il s’est retrouvé pris dans l’engrenage de la politique. Ses louanges passées envers les autorités de la transition, et en particulier envers le Président Goïta, n’ont pas suffi à le protéger. En attendant son jugement prévu pour le 12 février 2025, son triste sort rappelle que, au Mali comme ailleurs, la politique est un terrain glissant où la loyauté et les convictions cèdent souvent la place aux intérêts et aux circonstances.

Massassi
Mali24

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