Droits de l’enfant au Mali : Avancées, défis et recommandations de la COMADE
La Coalition Malienne pour les Droits de l’Enfant (COMADE), en partenariat avec Save the Children, a organisé ce mercredi un cercle d’échange et de redevabilité au Centre International de Conférences de Bamako. L’événement s’inscrivait dans le cadre de la célébration de la 35ᵉ Journée mondiale de l’enfance, avec pour thème national : « La protection des droits de l’enfant face au changement climatique ».
Depuis l’adoption de la Convention relative aux Droits de l’Enfant (CDE) en 1989, le Mali a déployé de nombreux efforts pour promouvoir et protéger les droits des enfants. Parmi les réalisations notables figurent la création du Parlement des Enfants en 1995, l’amélioration du cadre législatif avec le Code des Personnes et de la Famille (2011), ainsi que la mise en place de structures comme la Direction Nationale de l’État Civil et la Mission d’Appui à la Consolidation de l’État Civil. Ces efforts s’accompagnent également de programmes sectoriels et de l’existence du Fonds d’Appui à l’Autonomisation de la Femme et à l’Épanouissement de l’Enfant.
Ces initiatives, soutenues par des partenaires techniques et financiers, ont permis de sensibiliser les populations, y compris dans les zones rurales, aux droits fondamentaux des enfants. Cependant, plusieurs obstacles persistent. Par exemple, le Code des Personnes et de la Famille autorise le mariage des filles dès 16 ans, en contradiction avec le Protocole de Maputo qui fixe l’âge minimum à 18 ans. De plus, l’absence de centres d’état civil dans certaines zones affectées prive des milliers d’enfants d’actes de naissance, et donc de leur identité juridique.
Les budgets consacrés à la protection de l’enfance restent insuffisants, limitant les progrès dans des secteurs clés comme la santé et l’éducation. Par ailleurs, des groupes vulnérables, notamment les enfants en situation de rue, les victimes de violences basées sur le genre (VBG) et ceux enrôlés par des groupes armés, demeurent exposés à des risques graves. De plus, les enfants en conflit avec la loi continuent de subir des conditions carcérales inadaptées, malgré l’existence de mesures alternatives prévues par la loi.
Recommandations de la COMADE
Face à ces défis, la COMADE, par la voix de son président Antoine Akplogan, propose plusieurs mesures :
Harmoniser le Code des Personnes et de la Famille avec le Protocole de Maputo et accélérer l’adoption de la loi relative à la protection de l’enfant.
Rendre opérationnelles toutes les écoles fermées et digitaliser les registres d’état civil.
Renforcer les services sociaux de base et mettre en œuvre des mesures pour prévenir l’enrôlement des enfants par des groupes armés.
Protéger les victimes d’exploitation sexuelle et économique.
En outre, la COMADE recommande d’intégrer des modules sur les droits de l’enfant et les méthodes éducatives non violentes dans la formation des enseignants, de réaliser une étude nationale sur les enfants en situation de rue et de promouvoir des alternatives à l’emprisonnement des mineurs.
Lors de cet événement, le président de la COMADE a insisté sur l’importance des thèmes de cette 35ᵉ édition : « Écoutons l’avenir » au niveau international et « La protection des droits de l’enfant face au changement climatique » au niveau national. Ces thèmes rappellent l’urgence de construire un environnement sain et durable pour les générations futures.
« Chers enfants, vous êtes l’avenir du Mali. Soyez des citoyens responsables, engagés pour un environnement propre et respectueux », a-t-il conclu avec inspiration.
Coulibaly A
Mali24
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