3 ans après de sa disparition :IBK commémoré sur un champ de ruines
16 janvier 2022_16 janvier 2025. BOUA s’en est allé définitivement, depuis déjà trois années, laissant derrière lui un pays à la croisée des chemins et dont l’état des lieux n’est point réjouissant
L’émotion est de moins en moins vive, trois années après la disparition de celui s’est éteint pendant que le bras de fer entre la CEDEAO et le Mali battait son plein. Renversé en Août 2020, Ibrahim Boubacar Keita s’était d’abord discrètement effacé de la scène publique qu’il avait successivement animée en tant que Premier ministre, président de l’Assemblée nationale, simple député avant de prendre les rênes de l’Etat de 2013 jusqu’à déchéance en 2020. Sauf que le Mali Kura, annoncé comme alternative à sa gouvernance mitigée et décriée, n’aura servi que des désillusions sur fond de symboles pompeux et artificiels telle la «Journée de la Souveraineté retrouvée». Initié dans la foulée du décès du président déchu dans la liesse, le concept emblématique de l’insurrection populaire contre la CEDEAO s’est essoufflé.
3 ans après, le principal artisan de la chute du régime, Mahmoud Dicko, après avoir été rabroué par la veuve d’IBK à la maison mortuaire à Sebenikoro, s’est réduit à un exil forcé et sans fin à Alger, même si ses adeptes s’apprêtent à son retour au bercail pour le 14 février prochain. L’influence de l’imam de Badala a pris visiblement un coup à l’échelle mondiale ainsi que sa redoutable capacité de mobilisation qui pouvait jadis contraindre le président IBK à la démission.
3 ans après, Choguel Maiga, à qui il est revenu de conduire les obsèques de sa victime au nom de l’Etat, ne se porte pas mieux, après autant d’années de lune de miel avec les anciens colonels «paracheveurs». À sa mise en minorité au sein du M5 s’ajoute sa rupture de ban avec l’aile militaire du putsch. Malgré ses tentatives laborieuses de rebondir, tout indique qu’il s’achemine en même temps que vers une mort politique certaine à l’instar du M5, le Mouvement qui l’a tiré des abysses où l’ont plongé les élections législatives ratées de 2020. De même est-il en rupture les camarades en compagnie desquels il a battu le pavé pour réclamer l’éviction de BOUA se sont fortement divisés. Modibo Sidibé mène la danse de son côté, tandis que Jeamille Bittard, qui célébrait sous les caméras la réélection d’IBK en 2018, a préféré la retraite politique à la dissidence ou la fronde anti-Choguel Maiga. Il en résulte un mouvement M5-RFP, littéralement démantelé et émietté en divers morceaux, qui ne saurait tenir lieu de l’alternative qu’il incarnait lorsque ses composantes faisaient bloc autour du «guide éclairé».
Si le RFP n’en est pas achevé, somme toute, il est quand même éprouvé en même temps que cet autre ancien animateur qui lui prédisait une «mort de sa belle mort» et contre lequel le sort s’est acharné avec une énième incarcération pour délit d’opinion, sous un régime qu’il avait pourtant porté à bout de bras.
3 ans après le Mali Kura n’aura été qu’une avalanche de désillusions et d’espoirs déçus : péril énergétique, ordre constitutionnel constamment ajourné, marginalisation de la classe politique, péril sur les libertés publiques et les acquis démocratiques, gouvernance cahoteuse, justice bancale, etc. Ainsi, les fora et autres assises nationales n’auront engendré qu’un additif au catalogue de vœux pieux, en lieu et place de solutions espérées aux équations qui ont prévalu à la destitution d’IBK. Quant à l’équation du septentrion, elle a été tranchée dans le vif à coups de mesures drastiques qui ne présagent d’aucune issue plus durable que le dispositif de paix encadré par la communauté internationale expulsé du Mali comme des malpropres.
3 ans après, l’intérêt des tombeurs porte exclusivement sur les moyens de conserver pouvoir. Annoncée comme une période la plus court par le premier porte-voix du CNSP, la Transition s’est emmêlée dans d’écheveau du puissant lobby de son aile militaire, aux dépens des composantes politiques dépourvues dans les politiques publiques.
3 ans après, enfin, on en est encore au stade où la nostalgie du passé l’emporte sur les espoirs émoussés d’un lendemain meilleur. Le Mali-Koura s’est prématurément éteint à l’état embryonnaire car l’époque d’IBK, déposé à coups de pierres et de diatribes, n’a paradoxalement rien à envier à un quotidien qui déchante du jour au lendemain. En définitive, une cérémonie de commémoration mortuaire qui ne fait pas rougir à Sebenikoro, à défaut d’un désaveu instructif, est forcément assimilable à une leçon plus flétrissante que n’importe quelle atteinte au crédit de l’Etat.
A.KEÏTA
le Témoin
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