Affaire du fonds de traversée routière : L’Appel de fonds qui mouille le président du CMTR
Ce dossier que votre journal L’Investigateur suit depuis un certain temps, est l’un des plus gros scandales du secteur des transports au regard de l’importance de la manne financière disparue au trésor public. Le président du Conseil Malien des Transporteurs Routiers (CMTR), M. Youssouf Traoré qui dit à qui veut l’entendre, qu’il ne sait pas où sont passés ces fonds, semble être rattrapé par un mystérieux Appel de fonds de 187.000.000 FCFA adressé au trésor public.
Suivant l’article 4 du décret N°09-547/ P-RM du 9 octobre 2009 portant conditions d’affectation et d’utilisation des fonds du droit de traversée routière, c’est bien le CMTR qui est chargé de gérer les fonds destinés à l’équipement des transporteurs. Selon les syndicats des transporteurs, ce fonds est estimé à plusieurs milliards de nos francs. Mais, le hic est que le président de cet organe, nie avoir, à ce jour, perçu un centime de ce fonds qui était logé au trésor.
Ce dossier brulant qui traine depuis des années, risque de connaître un rebondissement avec la découverte de deux documents importants. D’abord une correspondance d’un secrétaire général du ministère des Transports adressée au Trésor avec comme objet : Demande de virement du compte dédié au fonds du droit de traversée routière destiné à l’équipement des transporteurs vers le compte du CMTR. Le second document adressé au trésor public est un Appel de fonds de 187 millions FCFA devant être virés dans le compte du CMTR. Ces documents sont des preuves que des mouvements ont eu lieu sur le compte abritant les fonds issus du droit de traversée routière.
L’Appel de fonds, selon un banquier, est une demande express faite pour solliciter le virement d’un fonds vers un autre compte. Alors question simple, peut-on émettre un Appel de fonds au trésor sans au préalablement savoir que cet argent existe ? Qu’est-il advenu du montant de 187 millions de FCFA ?
« Nous avons mené nos investigations, il s’est avéré qu’au lieu de 187 millions de F CFA, le CMTR a reçu 201 millions de FCFA de la part du trésor public et on a porté plainte au Pôle économique », déclarait Malick Diallo, lors de la rencontre d’information avec les membres du Conseil National de Transition. Pour les transporteurs, les responsabilités doivent être situées et des têtes doivent tomber. « Dans ce système, nous avons perdu environ 18 milliards de F CFA, mais quand on en parle seulement, on est convoqué et condamné par ceux qui nous doivent de l’argent. Nous ne demandons pas à être remboursés tout de suite car le pays traverse une crise, mais nous voulons que les responsabilités soient situées », ajoute M. Diallo.
Une plainte pour atteinte aux biens publics a, d’ailleurs, été déposée le 14 janvier 2022 au parquet du pôle économique et financier de Bamako par les responsables de deux syndicats des transporteurs à s’avoir le syndicat des transporteurs d’Autocar (STA) et la fédération des groupements des transporteurs agrées au Mali (FGTRAM).
L’implication des plus hautes autorités de la transition dans le cadre du Mali Kura est vivement souhaitée pour tirer au clair, cette affaire et mettre les transporteurs du Mali dans leur droit.
Il faut rappeler que la loi portant création du droit de traversée routière stipule en son article 3 que les produits du droit de traversée routière (recettes brutes) sont repartis comme suit : 50% pour assurer la mise en place, le fonctionnement et l’équipement des structures de contrôle routier, le financement de tout projet de développement des transports routiers ; 25% pour l’équipement des transporteurs routiers interurbains et internationaux ; et enfin 25% pour l’équipement et l’octroi d’indemnités aux agents des forces de sécurité chargés du contrôle routier dans le cadre du droit de traversée routière. Ainsi, pendant près de dix ans (de 1996 à 2006, année de création des postes de péage), les fonds destinés à l’équipement des transporteurs routiers ont été logées au trésor public.
Daouda T Konaté
Source: L’Investigateur