Arène politique : Choguel Maïga se démarque et signe son retour au front
Lors de sa toute première apparition devant la presse, depuis son renvoi de la Primature, avant-hier samedi, l’ex Premier ministre ne tarissait par de diatribes à l’adresse des responsables de la Transition ainsi que sur la gestion du pouvoir par les militaires. Il n’en a retenu de bien que pour le compte de son bilan personnel au gouvernement et met sous le boisseau sa part de responsabilité dans un échec qui déteint sur toute l’histoire du mouvement qu’il dirige.
Trois (3) mois après son éviction de la Primature, Choguel Kokalla Maïga est sorti de sa réserve et a tenté une reprise de main par la même presse qu’il a longtemps reléguée au profit de videomen. Au détour d’une restitution de la «Rectification», période où il était aux affaires de juin 2021 à novembre 2024, le leader emblématique du M5-RFP est revenu sur ses relations avec le président de la Transition, le Général Assimi Goïta, qui se sont progressivement détériorées.
Avec une liberté de ton caractéristique du personnage, il a martelé à nouveau n’avoir jamais été consulté, pendant sa mission à la Primature, sur les sujets brûlants pour lesquels des budgets conséquents auront été alloués. «J’ai dit aux ministres récalcitrants qu’il y a Dieu, la loi et les hommes. Que l’arbitraire ne peut avoir pignon sur rue car il y a la loi des hommes », a-t-il lancé d’entrée de jeu, en fustigeant au passage le soutien de certains détracteurs de la refondation par des responsables de la Transition qui s’en cachaient à peine
Durant son discours fleuve de deux heures d’horloge, il remet également en cause le dialogue inter-Maliens dont il réprouve les recommandations avant de dénoncer le refus de ses employeurs d’échanger sur l’avenir de la Transition. «Pendant deux ans j’ai demandé un débat sur l’avenir de la Transition . C’est face au manque de visibilité des autorités, qui ne voulaient point corriger les erreurs de parcours, que j’ai décidé d’aller à la clarification », s’est-il justifié pour dégager sa responsabilité. Et de persister sur la pléthore de nouvelles formations politiques créées à contre-courant de l’esprit des Assises Nationales de la Refondation, en assurant en détenir une liste. Des mouvements créés sans connaissances des recommandations, qui étaient soutenus par des militaires et travaillaient contre le M5-RFP, décrit-il, en les assimilant à des agents doubles.
Et de rappeler au président de la Transition qui est issu d’un soulèvement populaire et du consensus entre l’entité militaire et civile, avant de poser la problématique du retour à l’ordre constitutionnel à coups de dénonciations d’une opacité totale autour du calendrier – dont il se dissocie dans la foulée pour n’avoir jamais été consulté. De même dénonce-t-il les dissensions au sein du M5-RFP qu’il impute aux tentatives de sa déstabilisation en vue de faire obstacle à sa candidature aux futures élections.
Le président du Comité Stratégique conseille néanmoins à son audience d’accepter certains sacrifices face au refus des militaires de se prononcer sur la question.
Face aux défis actuels de l’heure, il prône et plaide pour un maintien du cap de 2020 dans «la lutte du peuple» ainsi qu’une orientation des politiques publiques dans la dynamique suivante : transparence sur le train de vie de l’Etat, gestion adéquate de la desserte électrique, meilleure maîtrise des coûts des denrées alimentaires, allégement de la dette intérieure, réadaptation de la loi électorale et de l’AIGE, respect des engagements au sein de l’AES. Toutes choses sur lesquelles l’ex PM exhorte le peuple à la vigilance et à la veille citoyenne en vue de l’édification d’un Mali Kura souverain et doté d’une gouvernance consensuelle et transparente. Sauf qu’en concédant de la sorte que demeurent d’actualité les mêmes aspirations ayant prévalu au renversement d’IBK, Choguel Maïga ne saurait contester que le Mali-Koura n’a point bougé depuis près de 5 ans. Il peut par conséquent décliner sa responsabilité dans l’échec, mais il ne peut s’en dérober en tant que vecteur et tête pensante parmi tant d’autres d’une aventure aussi incertaine et n’ayant débouché sur un gâchis que seule pourra absoudre ce retour annoncé sur le front politique.
I Keita
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