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Entre Nous:Désarmer et dissoudre les groupes armés 

«Le désarmement et la dissolution des groupes armés » font l’objet de l’avant-dernier aliéna de l’article 28 du projet de la charte nationale pour la paix et la réconciliation nationale. Ce serait l’idéal si cela devenait effectif, le défi de la paix étant difficilement relevé avec les armes au poing. Mais la question est de savoir comment cette disposition de la charte va-t-elle se matérialiser. L’Etat du Mali a-t-il les moyens à dissoudre les groupes armés ? Le Gouvernement malien a-t-il intérêt à matérialiser cette décision à dissolution sur le terrain ?

En mars 2019, le Gouvernement du Mali a décidé, en Conseil des ministres extraordinaire, la dissolution de la milice Dana Amassagou. Une décision que le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga commentait en ces termes : «nous avons procédé à la dissolution de l’Association Dan Amassagou pour montrer aux uns et aux autres que la protection est et restera le monopole de l’Etat ».

Dans la nuit du 8 au 9 juillet 2020, le Président Ibrahim Boubacar Kéita, confronté à une forte contestation populaire menée par le M5-RFP, a annoncé à la télévision nationale la dissolution de toutes les milices d’auto-défense. Le genre de discours…’’musclé’’ dont il avait le secret.

De grandes annonces restées en effet, sans effet !!! Car les milices d’auto-défense continuent toujours d’opérer sur le terrain. Il est facile d’annoncer ou de décréter la dissolution d’un groupe armé que de le faire. La réalité est toute autre, car aucun groupe armé n’a entamé de démarches administratives pour exister et opérer sur le terrain. Le mouvement national de l’Azawad (MNA) qui a obtenu son récépissé à Tombouctou n’était pas un groupe à vocation armée à l’origine. C’est bien plus tard qu’il s’est ouvert aux revenants de la Libye pour former le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) et déclencher sa lutte armée le 17 janvier 2012, en attaquant des casernes de l’Armée malienne, notamment à Ménaka.

Il ne faut pas se voiler la face. Réputés pour leur maîtrise du terrain, des groupes armés rendent énormément de services à l’Etat et à ses partenaires. Sans eux, des opérations seraient difficiles à mener. Des années 1990 à nos jours, le gouvernement du Mali a toléré l’existence de groupes d’auto-défense. Lesquels, parfois  financées de manière occulte et opaque, peuvent devenir des « monstres incontrôlables », donc des dangers potentiels pour l’Etat. « Un Etat qui sous-traite sa sécurité avec d’autres entités est comme quelqu’un qui dort sur la natte d’autrui ! Selon le Professeur feu Joseph Ki-Zerbo du Burkina Faso, «dormir sur la natte des autres, c’est comme si l’on dormait par terre ».

Chiaka Doumbia

le challenger

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