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Bateau Yélema : Désaccord entre le capitaine et un passager de marque

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Les objectifs sont peu dans les mariages de raison, dit-on. Moussa Mara, président d’honneur et fondateur du parti Yelema, risque de l’apprendre à ses dépens. Tenez-vous bien. Au lendemain de l’intervention du PM intérimaire sur la tribune de Nations Unies, l’ancien PM, dans un communiqué, a déploré «le ton belliqueux» employé vis-à-vis de certains partenaires, particulièrement ceux de notre espace sous-régional, en mettant en garde sur le risque «de détériorer les relations avec ces pays». Selon lui, le passage du Col Abdoulaye Maïga à l’ONU aurait dû plutôt être mis à profit pour évoquer les préoccupations concrètes, réelles et fortes des Maliens ainsi que les ébauches de solutions. Moussa Mara regrette en outre que message livré au nom du Mali n’ait davantage soutenu le vœu du continent, exprimé par le président de l’Union africaine, quant à une adaptation de la composition du Conseil de sécurité à l’évolution du monde. Et ce n’est pas tout. Aux yeux de l’ancien Premier ministre d’IBK, une posture agressive vis-à-vis de l’extérieur est contre-productive pour le Mali, compte tenu, notamment, de sa fragilité. Par conséquent, le communiqué exhorte les autorités à privilégier en toutes circonstances un dialogue constructif et apaisé avec tous, à recoudre les fils cassés avec nos voisins en particulier et plus généralement nos partenaires et à se focaliser davantage sur les préoccupations quotidiennes de nos concitoyens ainsi que les missions assignées par la charte de la transition. Condition sine qua non, estime-t-il, pour que le Mali retrouve, conformément à ses valeurs et à sa grandeur d’antan, le chemin de la paix et de la prospérité.

Une prise de position qui met Mara dans le collimateur des soutiens de la Transition, qui n’ont pas manqué l’occasion de le qualifier de «5 ème colonne». Si on a pu comprendre ses tirs croisés sur la personne de l’ex Premier ministre, c’est la prise de position d’un de ses lieutenants, sur la toile, qui a le plus attiré l’attention de l’opinion. Assane Sidibé, puisque c’est de lui qu’il s’agit, comme pour mériter son siège au CNT, est descendu à bras raccourci sur son Président d’honneur et non moins ancien colistier. « …la décence voudrait que quand le Mali est attaqué par l’extérieur, la classe politique ait le courage de condamner, le sentiment patriotique l’exige de nous tous. Quand de l’extérieur notre pays est accablé d’outrages frisant les injures et la caricature on n’entend aucun politicien malien lever le petit doigt pour défendre son pays. Mais dès que nos autorités réagissent et se défendent, de grands imposteurs pleuvent. Sachez que nous n’avons pas deux Mali mais un seul…. Et ce sont les maliens qui voteront aux prochaines élections pas les puissances étrangères », a publié le conseiller au CNT, Assane Sidibé, sur sa page Facebook. Il s’agit probablement d’une pique à peine voilée en direction de Moussa Mara, l’un des rares politiques à donner son opinion sur le discours du Premier ministre par intérim.

Cette discordance ne doit pourtant pas surprendre pour qui connait les précédents entre les deux hommes. En effet, avant de militer dans le parti Yelema, Assane et Mara ont siégé ensemble au conseil communal de la commune IV où ils étaient presque chien et chat. Il se rapporte même que les ennuis judiciaires actuels de l’ancien maire de la Commune IV découlent d’une dénonciation contenue dans un rapport d’audit concocté par Assan Sidibé.

C’est au nom d’objectifs électoraux partagés que les deux adversaires ont décidé de cheminer ensemble pour conquérir les sièges parlementaires d’une commune où la concurrence faisait rage. Et la suite est connue : Assane, son mouvement et ses associations affilées ont basculé dans la bateau Yelema, sauf que la lune de miel n’aura été que de courte durée puisque c’est contre l’avis du parti qu’Assane Sidibé siège au CNT.
En attendant que Mara commente cette prise de position, tout porte à croire que ce passager de marque pourrait être débarqué pour sauver le navire Yelema d’un naufrage latent.
Amidou Keita

Le témoin

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