Chronique du Mali : A quand la fin du festival des brigands ?
Si le singe, connu pour être un dévastateur des récoltes, apostrophe le propriétaire du champ, c’est qu’il y a une situation permissive, qui fait du propriétaire un spectateur . C’est le règne des brigands. La situation ainsi décrite est bien connue des Maliens depuis la première République où le père de l’indépendance Modibo Kéita s’est ainsi exprimé : « Quand les propriétaires deviennent les spectateurs, c’est le festival des brigands».
La formule imagée trouve, hier comme aujourd’hui, sa parfaite illustration dans la gouvernance de notre pays, à différents niveaux. L’imposture des uns et la démission des autres ont fait le lit à des situations permissives : le fonctionnaire qui devient milliardaire, l’opérateur économique adossé au haut responsable politique, administratif ou militaire, qui s’octroient des subventions de l’Etat pour les monnayer à leurs seuls profits et au détriment des populations du Mali ; le leader politique qui use et abuse des missions constitutionnelles du parti pour placer aux postes de responsabilité ses sbires sans compétence au détriment de la stabilité sécuritaire et économique de l’Etat malien.
L’épidémie des impostures proliférant à tous les niveaux, des groupes ethniques ou communautaires se revendiquent des régions entières au détriment de l’unité nationale, de la cohésion sociale et de la stabilité de l’Etat. Au point qu’on peut se poser la question, à savoir entre les imposteurs à la petite semaine dans l’administration et les citoyens, qui sont au service de qui ? Si on arrive à se poser une telle question, c’est qu’il y a une confusion des rôles, une maldonne, une méprise pour les populations dont les autorités élues ne devraient être que des serviteurs. Si cela était compris, il n’y aurait pas de fraude électorale qui est la pire des crimes ; on éviterait les revendications irrédentistes chez les senoufos au sud de Sikasso ; les touaregs de Kidal et les peuls du Macina déposeraient les armes. Le gène de la révolte réside dans la mal gouvernance et l’imposture des dirigeants fraudeurs sans vergogne, et qui s’enorgueillissent maladroitement ! Il convient de rétablir l’ordre en coupant le nœud de l’imposture politique ; que le propriétaire cesse d’être le spectateur afin que s’arrête le festival des brigands.
B. Daou
Le Républicain