Dr. Madani Ly, oncologue : Environ 1 500 nouveaux cas de cancer diagnostiqués chaque année au Mali
Oncologue de profession et fondateur d’un centre spécialisé dans le traitement du cancer, le Dr. Madani Ly est un fervent défenseur de la lutte contre le cancer du sein au Mali. À l’occasion d’Octobre Rose, il nous a accordé un entretien pour dresser un état des lieux du cancer du sein dans le pays.
Situation du cancer au Mali
Selon Dr. Madani Ly, le cancer du sein est le premier cancer chez la femme au Mali, comme dans le reste du monde. « Lorsqu’il est dépisté et diagnostiqué tôt, le cancer du sein peut être guéri à cent pour cent », explique-t-il. Cependant, il déplore que de nombreuses patientes se rendent dans les structures de santé à un stade avancé, ce qui rend la prise en charge plus coûteuse et compromet leur survie. Dr. Ly estime qu’environ 1 500 nouveaux cas de cancer sont diagnostiqués chaque année au Mali, mais il considère ce chiffre sous-évalué, faute d’accès universel aux soins de diagnostic dans tout le pays.
Prise en charge du cancer du sein
Pour le Dr. Ly, la prise en charge du cancer du sein repose sur trois approches principales : la chirurgie, la chimiothérapie, et la radiothérapie. Il ajoute que d’autres traitements systémiques, comme l’hormonothérapie et des thérapies innovantes, sont également disponibles. La prise en charge s’effectue au sein d’une équipe pluridisciplinaire qui organise des réunions de concertation pour déterminer la meilleure séquence de traitement. Au Mali, le protocole commence souvent par une chimiothérapie de 6 à 8 mois, car les cas arrivent généralement à un stade avancé. Ensuite, la chirurgie est effectuée, suivie de la radiothérapie. « En fonction des résultats et de la biologie de la tumeur, un traitement par hormonothérapie peut être recommandé », précise Dr. Ly. Bien que tous ces traitements soient disponibles au Mali, il note que la radiothérapie a été temporairement indisponible. « Un nouvel appareil a été installé, et les premiers patients commencent à en bénéficier. Ce traitement sera bientôt pleinement opérationnel », assure-t-il avec optimisme.
Coût élevé de la prise en charge
Dr. Ly souligne le coût élevé des soins, précisant qu’une cure de chimiothérapie coûte environ 200 000 FCFA pour une personne sans assurance, ce qui est onéreux pour de nombreuses familles. Il plaide donc pour la subvention de la prise en charge du cancer du sein, en insistant sur la nécessité de mettre en place une assurance maladie obligatoire pour permettre un accès équitable aux traitements.
Prévention et dépistage précoce
Pour prévenir le cancer ou le détecter précocement, Dr. Ly conseille aux femmes d’apprendre à connaître leur corps en pratiquant l’autopalpation mammaire à la fin de chaque cycle menstruel. Il recommande également de pratiquer une activité physique, d’éviter le tabac et l’alcool. « Dès qu’une femme constate une anomalie, elle doit consulter sans délai. Si un cancer est détecté précocement, le traitement est moins coûteux et moins mutilant. Celles qui en ont les moyens peuvent effectuer une mammographie de dépistage ; si le cancer est diagnostiqué tôt, une ablation totale du sein pourrait être évitée, épargnant ainsi un traumatisme psychologique et culturel », précise-t-il.
Les défis pour les spécialistes en oncologie
Enfin, Dr. Madani Ly évoque les nombreuses difficultés auxquelles les spécialistes du cancer sont confrontés. Outre le coût élevé des traitements, l’accès aux soins est souvent un problème majeur. « Le coût des soins pousse certaines patientes à interrompre leur traitement faute de moyens. De plus, beaucoup doivent se déplacer vers Bamako pour être prises en charge, ce qui est un défi supplémentaire pour celles qui n’ont pas de proches pour les héberger durant leur traitement », conclut-il.
Y. TRAORE
Mali24