Gal Abdoulaye Maïga : Un PM en déphasage avec la portée du terrorisme
Le chef du Gouvernement n’est peut-être pas le seul responsable de la Transition sur qui pèsent les présomptions d’une perception en deçà des dimensions, contours et formes plausibles de la crise sécuritaire au Mali. Toutefois, il est à l’origine – et probablement l’inspirateur – d’une rhétorique constamment reprise par plusieurs autres acteurs du régime, ses compagnons, en abordant la vicieuse équation du terrorisme et de ses récentes manifestations. Apparemment désemparé devant la nouvelle stratégie de terreur adoptée par le JNIM, sous forme de paralysie de l’économie malienne, le Général de division n’a trouvé d’explication autre que d’y voir un chant du cygne. La récente intensification des attaques meurtrières ainsi que l’extension du terrorisme aux cibles civiles sont ainsi perçues par Abdoulaye Maïga et ses employeurs comme les signaux d’essoufflement de Groupes armés terroristes désarçonnés et acculés jusque dans leurs ultimes retranchements au point de n’avoir que des cibles inoffensives dans leurs viseurs. Autrement dit, c’est de guerre lasse face au puissant et irrésistible bouclier des camps militaires désormais inexpugnables que les terroristes n’ont d’autres options que la destruction d’usines, l’incendie de moyens de transport, le blocus d’axes routières, les expéditions punitives dans les villes et enlèvements de voyageurs triés sur le volet, etc. Les camps militaires ne sont plus prenables avec la même facilité qu’autrefois, avait martelé le Premier ministre, dans la foulée du saccage de certaines unités de production avec des prises d’otage à la clé. Même son de cloche de sa part ainsi que du côté d’autres officiels, au lendemain du blocus et des expéditions meurtrières perpétrées par le JNIM sur le corridor Dakar – Bamako, en représailles à la défiance de ses oukases.
Est-ce pour s’en donner bonne conscience que les différentes autorités nuancent et minimisent ainsi le succès des opérations terroriste ayant impunément atteint des cibles civiles ? La question est d’autant moins superflue que l’armée a moins vocation à se préserver qu’à protéger les populations et leurs biens contre les atteintes, selon les prescriptions constitutionnelles. Or le Chef du Gouvernement aborde la question avec une perception pour le moins triviale, en estimant que le terrorisme ne triomphe qu’à l’aube de la chute de casernes militaires et des seules pertes militaires. Un jugement manifestement consternant pour qui sait que les contribuables ordinaires en paient plus le tribut tant par les proportions de pertes de vies humaines que par les déplacements massifs de populations et leurs implications sociales sur lesquels aucune statistique n’est disponible depuis que la crise sécuritaire bat son plein. Autant dire, en définitive, que la perception qui prévaut au plus haut sommet sur le phénomène terroriste est de nature à ne pas discréditer les affirmations de ce chef terrestre selon qui les autorités ne sont pas en mesure de protéger les contrevenants à leurs décisions et prescriptions. Sans juger des éléments sur lesquelles se fonde ce jugement, on sait à tout le moins qu’il faut pour le démentir une approche différente de celle qui n’intègre pas les dimensions et la portée d’une guerre asymétrique. Or les épisodes historiques ne manquent pas pour prouver que les cibles civiles sont plus exposées à la menace terroriste que les objectifs stratégiques.
A.KEÏTA
Le Témoin
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