La junte malienne n’est pas un « régime nationaliste défensif » mais un pionnier africain

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L’exemple malien fait peur aux dirigeants occidentaux car il leur fait soupçonner que certains des mêmes hommes chargés de faire respecter leurs régimes néocoloniaux en Afrique de l’Ouest pourraient secrètement être des combattants de la liberté anti-impérialistes complotant pour renverser ces systèmes injustes de l’intérieur comme la junte de ce pays l’était clairement avec le recul.

La BBC a condamné la junte malienne comme un soi-disant « régime nationaliste défensif » qui a « habilement joué » sur les perceptions populaires dans la région pour amener la CEDEAO à lever ses sanctions paralysantes dans un article que le média vient de publier intitulé « Coup d’État au Mali : comment la junte a obtenu la levée des sanctions économiques de la CEDEAO ». Ce n’est qu’un article à charge de plus qui dénonce la vaillante défense par la junte d’intérêts nationaux objectifs face aux sanctions néo-impérialistes de la CEDEAO soutenues par la France, car l’Occident aux ordres des États-Unis a peur de l’exemple continental donné par Bamako.

Grâce à « l’adoption d’une nouvelle loi électorale et la mise en place d’une autorité électorale, ainsi qu’une feuille de route détaillée pour la transition et, surtout, un calendrier fixe qui fixe une date limite ferme pour le premier tour de l’élection présidentielle, qui aura lieu en février 2024 », la junte a convaincu ce bloc régional de lever ses restrictions économiques à l’encontre du pays. En répondant de manière provocante à « tous les messages fermes de la CEDEAO, de l’Europe et des Nations unies », la junte a également réussi à convaincre le peuple ouest-africain que la CEDEAO travaille en réalité contre lui, ce qui a permis de lever les sanctions.

Après tout, la CEDEAO prétend agir au nom des peuples de ses États membres, d’où le prétexte sur lequel elle a sanctionné la junte malienne en premier lieu. La fausse base était de « restaurer la démocratie » dans ce pays, alors que le dernier coup d’État était véritablement populaire auprès des masses qui, selon la BBC, étaient avides « d’un changement radical dans un pays dont l’élite traditionnelle était censée être pourrie par la corruption et la complaisance ». Si l’on ajoute à cela la campagne « antiterroriste » menée par la France depuis des années, que beaucoup considèrent comme une couverture pour l’exploitation néocoloniale du pays, on comprend pourquoi le coup d’État a eu lieu.

La junte malienne a donc été le pionnier d’un nouveau modèle à suivre pour tous les autres pays africains. Premièrement, les militaires étaient motivés par des raisons véritablement patriotiques et anti-impérialistes pour renverser le gouvernement corrompu soutenu par la France. Deuxièmement, il s’agissait d’une expression sincère de la volonté du peuple. Troisièmement, la sanction de l’État par la CEDEAO a directement aggravé la vie des gens ordinaires. Quatrièmement, au lieu de les retourner contre la junte, cela a changé de manière décisive leur attitude contre la CEDEAO et ses bailleurs de fonds occidentaux. Et cinquièmement, la réponse provocante de la junte à toutes les pressions a inspiré tous les Africains.

Pour revenir sur ce dernier point, tout le monde a vu comment un mouvement militaire véritablement patriotique et populaire peut tenir tête à un bloc régional soutenu par l’Occident et faire face à des sanctions paralysantes sans céder unilatéralement sur aucune question d’intérêt national objectif. Au contraire, la junte a formulé de manière convaincante ces mêmes intérêts en réponse à une pression massive et a ainsi servi à éduquer la population à leur sujet, ce qui a encore renforcé son soutien. Cette révolution de la conscience de masse, qui était déjà en gestation depuis longtemps, peut être qualifiée de « game-changer ».

En effet, elle n’est pas exclusive au Mali, mais se répand dans toute l’Afrique de l’Ouest – qui est sur le point de devenir un champ de bataille majeur de la nouvelle guerre froide – et sur le continent en général. De l’autre côté de l’Afrique, l’Éthiopie a fait preuve d’un courage similaire face à la pression sans précédent exercée sur elle pour qu’elle concède unilatéralement son autonomie stratégique en réponse à la guerre hybride de la terreur menée par le TPLF, soutenu par les États-Unis et l’Occident et organisé par l’Égypte. Ensemble, l’Éthiopie et le Mali montrent qu’il existe différents chemins pour atteindre les mêmes objectifs de souveraineté.

Qu’ils soient dirigés par un leader démocratiquement élu véritablement populaire comme en Éthiopie ou par un militaire véritablement populaire arrivé au pouvoir par un coup d’État comme au Mali, les pays africains peuvent protéger leur souveraineté pour autant que leurs plus hauts représentants aient vraiment la volonté politique de le faire. Cela entraîne certainement des coûts considérables, comme le prouvent tout ce que l’Éthiopie a subi comme punition pour sa politique indépendante et les souffrances massives infligées au peuple malien par les sanctions néo-impériales de la CEDEAO, mais ces coûts en valent sans doute la peine pour défendre leur honneur et leur indépendance.

L’exemple malien fait peur aux dirigeants occidentaux car il leur fait soupçonner que certains des mêmes hommes chargés de faire respecter leurs régimes néocoloniaux en Afrique de l’Ouest pourraient secrètement être des combattants de la liberté anti-impérialistes complotant pour renverser ces systèmes injustes de l’intérieur comme la junte de ce pays l’était clairement avec le recul. Les élections démocratiques, comme celle qui a confirmé Abiy Ahmed au poste de premier ministre, ont lieu à des dates prévues, tandis que les coups d’État militaires surviennent de manière inattendue, parfois au moment où l’Occident aux ordres des États-Unis s’y attend le moins.

Compte tenu du fait que de multiples régimes néocoloniaux soutenus par l’Occident continuent d’exister en Afrique de l’Ouest et au-delà, l’exemple donné par le Mali pourrait inspirer des « copieurs » sur tout le continent, d’autant plus qu’ils viennent de voir qu’en résistant fermement à toutes les pressions exercées sur eux, ils peuvent réussir à en atténuer certaines manifestations, comme les sanctions, sans pour autant céder unilatéralement sur des intérêts nationaux objectifs. C’est pourquoi la junte a fait trembler de peur les dirigeants occidentaux par ce qu’elle vient de réaliser, d’où la volonté de la BBC de la discréditer, même si elle échouera à manipuler les perceptions régionales à son égard.

Andrew Korybko

source : One World

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