Mali : les travailleurs des collectivités territoriales du Mali entre retard de salaires et attentes non comblées

La situation des travailleurs des collectivités territoriales (CT) au Mali devient de plus en plus critique. Dans plusieurs localités du pays, notamment les régions du Nord et du Centre et la majeure partie des communes des régions de Ségou, de Koulikoro, de Koutiala, de San, de Kayes, de Nioro, de Kita, de Nara, de Bougouni et de Dioïla. Même les certaines communes du District sont souvent confrontées au problème de retard de salaires. Dans certaines de ces régions citées, les agents accusent jusqu’à 20 mois d’arriérés de salaire. Ce constat alarmant est le reflet du terrorisme, du banditisme, de l’insuffisance des ressources des collectivités territoriales et le retard dans la mise à disposition des dotations d’appui aux collectivités à travers le budget d’Etat.

Des retards de paiement qui perdurent ! Certaines perceptions peinent à recevoir les fonds de dotation nécessaires pour les collectivités. Selon des informations, certains percepteurs affirment que l’épuisement des fonds propres depuis mars 2024 empêche tout règlement. À Kita, par exemple, le Trésor public local a tenté de pallier cette crise en mobilisant des fonds propres pour répondre, en partie, aux appels des percepteurs. Cependant, ces efforts restent insuffisants, laissant des communes avec des arriérés allant de deux à quatre mois.

Des promesses non tenues

Les doléances des syndicats des travailleurs des Collectivités Territoriales, portées depuis plusieurs années, peinent à être entendues. Parmi leurs revendications figurent la régularisation des paiements des salaires et sa mensualité. Ainsi, une demande récurrente pour que tous les fonctionnaires des CT soient pris en charge sur le budget de l’État, à l’instar des cadres de la fonction publique nationale et des autres cadres de la fonction des collectivités territoriales.

Il y’a aussi l’égalité de traitement. Les fonctionnaires des CT subissent des inégalités criantes, certains étant payés par le budget d’État, tandis que d’autres dépendent des maigres ressources locales, entraînant des retards fréquents.

S’y ajoute le transfert effectif des ressources. Il ressort des informations que malgré l’existence de 21 décrets sur le transfert de compétences, seules les ressources liées à l’éducation et à la santé sont transférées. Les autres secteurs restent négligés, ce qui impacte lourdement la capacité des CT à fonctionner correctement.

Des attentes élevées face au nouveau gouvernement

Le Syndicat national des travailleurs des collectivités territoriales du Mali (SYNTRACT) espère que le Ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, également Premier ministre, prendra enfin à bras-le-corps la mise en œuvre des accords signés entre 2017 et 2019. Ces accords incluent non seulement la régularisation des salaires, mais aussi la mise en place d’un cadre attractif pour les agents des Collectivités Territoriales.

Par ailleurs, l’urgence d’un arrêté interministériel pour clarifier les primes et indemnités reste une priorité. Adoptés depuis 2018, le statut des fonctionnaires des collectivités stipule en son article 72 alinéa 3 que : « les taux des primes et indemnités sont fixés par délibération de chaque Collectivités territoriales, conformément aux bases et aux maxima fixés par arrêté des ministres en chargés des Collectivités territoriales et des finances ». Et cet arrêté à peine à voir le jour, malgré que le syndicat ait transmis ses propositions à l’Administration en raison de blocages administratifs.

Un cri d’alarme

Au-delà des chiffres, c’est la dignité des travailleurs qui est en jeu. Ces agents, garants du fonctionnement des collectivités locales, vivent dans une précarité qui met à mal leur moral et leur capacité à servir leurs communautés. « L’État transfère les compétences sans les ressources », dénoncent-ils unanimement.

Si des efforts isolés sont à saluer, notamment à Kita où des paiements partiels ont été effectués, une solution durable exige une volonté politique forte. Les syndicats appellent à une mobilisation générale pour que leurs revendications ne tombent plus dans l’oubli.

En tout cas, l’espoir repose sur une réforme structurelle, où les collectivités territoriales ne seraient plus les laissées-pour-compte du système administratif malien. La balle est désormais dans le camp du gouvernement.

Massassi

Mali24

Laisser un commentaire