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Mali : Un duel fratricide entre quête de souveraineté et idéal démocratique

Ce mercredi 26 mars marque la 34ᵉ année de l’avènement de la démocratie au Mali, dans un contexte où l’esprit souverainiste domine le discours politique. Si Alpha Oumar Konaré est unanimement reconnu comme le père de la démocratie malienne, le général Assimi Goïta, lui, s’affirme comme le symbole de la souveraineté retrouvée. Une opposition qui illustre un duel fratricide entre la quête de souveraineté et l’idéal démocratique.

Sous la transition actuelle, la démocratie est remise en cause au nom d’une situation qualifiée d’exceptionnelle par les autorités en place. Les échecs et dérives constatés au fil des années sous l’ère démocratique ont fini par fragiliser l’adhésion populaire aux principes démocratiques, ouvrant ainsi la voie à une légitimation du pouvoir militaire. Aujourd’hui, près de cinq ans après le coup d’État du 18 août 2020, le Mali vit la plus longue transition de son histoire. Pourtant, l’incertitude demeure totale quant à l’agenda politique des dirigeants militaires, qui évoquent la tenue d’élections sans jamais en préciser le calendrier.

Une transition entre démocratie en suspens

La démocratie malienne, conquise de haute lutte le 26 mars 1991, traverse l’une des périodes les plus critiques de son existence. Officiellement, la transition en cours depuis le renversement d’Ibrahim Boubacar Keïta se veut un passage vers un nouvel ordre politique. Toutefois, en dépit d’une nouvelle Constitution adoptée par référendum et qui stipule noir sur blanc que le coup d’État est un crime imprescriptible, les militaires au pouvoir ne semblent pas pressés de remettre les rênes à des autorités civiles.

Pendant ce temps, la rhétorique souverainiste est utilisée comme un levier de communication pour fédérer les esprits autour d’une vision nationaliste. En exaltant la grandeur du Mali historique, notamment à travers la référence à l’Empire du Mali, le pouvoir cherche à cultiver un sentiment d’orgueil collectif. Mais derrière ce discours séduisant se cache une réalité plus sombre : une multiplication des atteintes aux libertés fondamentales, des emprisonnements  et des pressions sur les voix dissidentes.

La stratégie est claire : créer une confusion entre la démocratie et les dérives de l’élite politique afin de légitimer le maintien du régime en place. Pourtant, comme l’affirmait Alpha Oumar Konaré, premier président de la 3ᵉ République, « une démocratie n’est jamais acquise de façon éternelle et permanente ». Cette déclaration, tirée de l’ouvrage Un Africain au Mali : Entretiens avec Bernard Cattanéo, résonne aujourd’hui avec une acuité particulière.

Quel avenir pour la démocratie malienne ?

Face à cette situation, une question se pose : les leaders politiques auront-ils le courage de s’opposer à cette tentative de confiscation du pouvoir et de défendre les acquis démocratiques ? Depuis le 18 août 2020, une dynamique semble s’être mise en place pour prolonger indéfiniment la transition, éloignant ainsi toute perspective d’alternance politique.

Dans une tribune publiée le 17 décembre 2024 et intitulée « Il est temps pour le Mali de sortir de la confusion », Ali Nouhoun Diallo, ancien président de l’Assemblée nationale, lançait un avertissement clair : « Les camarades du Mouvement Démocratique doivent retenir de l’enseignement de l’Histoire que tout ce qui a été acquis de haute lutte doit être aussi conservé de haute lutte. »

Alors que le Mali commémore ce 26 mars 2025 dans un climat d’incertitude, l’avenir de la démocratie semble plus que jamais suspendu à la capacité des forces politiques et sociales à se mobiliser pour éviter qu’elle ne devienne une simple parenthèse dans l’histoire du pays.

Modibo FOFANA

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