Mme Sané Demba N’Diaye, spécialiste en communication sur la santé de la reproduction

« Parler de sexualité par exemple à ses enfants n’est pas un crime »
Mme Sané Demba N’Diaye est spécialiste en communication sur la santé de la reproduction. Actuellement, elle est la coordinatrice nationale de la communication de la santé de la reproduction au Mali à l’Office national de la Santé de la Reproduction.
Depuis combien d’années vous évoluez dans le domaine de la santé de la reproduction ?
J’évolue dans le domaine de la santé de la reproduction depuis 2001. J’ai commencé ma carrière professionnelle à AMPPF comme animatrice puis coordinatrice de projet sur la santé des adolescents et jeunes. J’ai travaillé dans plusieurs ONG nationales et internationales. J’ai coordonné des projets au niveau national et international sur la communication et le plaidoyer sur la santé de la reproduction.
Pourquoi le fait d’évoquer la santé de la reproduction est considéré comme tabou dans la société malienne ?
La communication sur les sujets de la santé de la reproduction est un grand dilemme. Nos coutumes, nos valeurs et notre religion sont souvent des obstacles majeurs pour parler autour de nous de la santé de la reproduction. Ce sont des sujets tabous qui sont difficiles à aborder ; alors que nous avons d’énormes problèmes liés justement au manque d’information.
J’ai été confronté à beaucoup de problèmes de préjugés à cause justement de mes communications sur ces sujets sensibles. Certains mots et messages sont difficiles à faire passer surtout dans nos langues nationales. L’éducation sexuelle n’est pas dans nos habitudes et c’est vraiment dommage. Notre société a besoin d’être sensibilisée pour que les gens comprennent que parler de sexualité par exemple à ses enfants n’est pas un crime et ne les encourage pas à aller à la déperdition, bien au contraire cela permet aux jeunes gens de se protéger et d’affronter la vie sexuelle bien armés.
Quels sont les points clés de la santé de la reproduction ?
Les points clés de la santé de la reproduction, c’est l’accessibilité aux soins et services de santé de la reproduction à tous les niveaux, la lutte contre la mortalité maternelle, néonatale et juvénile.
Pouvez-vous nous parler de l’approche genre de la Santé de la Reproduction ?
L’approche genre de la santé de la reproduction va de pair avec les violences basées sur le genre. Selon la plupart des gens, la santé de la reproduction ne concerne que les femmes. Les hommes ont aussi un grand rôle à jouer. Les considérations basées sur le genre, les stéréotypes sont des obstacles majeurs dans la lutte contre la mortalité maternelle. L’approche devrait être mieux expliquée à tous, du niveau formel à l’informel. Les politiques nationales doivent également jouer leur rôle pour respecter les droits sexuels de tous les individus.
Quels sont les conseils que vous pouvez donner à la société malienne sur la santé de la reproduction ?
Je conseille surtout mes sœurs, mes mamans à prendre à bras le corps leur santé reproductive, à aller vers l’information, fréquenter régulièrement les centres de santé pour prévenir leur santé sexuelle. J’exhorte les plus hautes autorités à s’investir davantage pour la promotion de la santé de la reproduction et les partenaires techniques et financiers à accompagner les projets et programmes de la santé de la reproduction pour une meilleure prise en charge des besoins spécifiques des populations vulnérables.
Je vous remercie !

Propos recueillis par Kada Tandina