Soins de santé au Mali : Des cliniques privées fonctionnent dans le flou et l’informel
Racket des malades, ordonnances kilométriques auxquelles s’ajoutent, parfois des bavures médicales. Du coup, au Mali, le serment d’Hippocrate fait place au serment… d’Hypocrite.
Les cliniques poussent au Mali, comme des champignons. Tantôt, dans des baraques insalubres ; tantôt dans des bâtiments, encore, en chantier ; ou dans des bâtisses malfamées. Mais dans un cas, comme dans l’autre, les patients sont victimes d’une souffrance double : une hémorragie financière et un service de piètre qualité.
Beaucoup de ces cliniques au Mali n’ont pas d’autorisation et elles exercent dans le flou et l’informel, c’est-à-dire dans l’illégalité totale.
Du coup, l’État doit procéder à un contrôle de ces cliniques ; surtout que des Écoles de Santé qui n’ont pas d’autorisation sont fermées.
Outre les frais de consultation exorbitants (7.500, 10.000F CFA…), les ordonnances sont rédigées à la tête du « client ». Au cours de la consultation, le médecin soumet le malade à une série de questions. Histoire de sonder son pouvoir d’achat ou le poids de sa bourse. Puis, tombe comme un couperet, une ordonnance kilométrique qui noiera le porte-monnaie du patient.
Et comme si cela ne suffisait pas, le médecin multiplie les rendez-vous. Mieux, à chaque fois, la même torture : délier les cordons de la bourse pour être consulté.
Horreurs médicales
Nombreux sont les patients, qui y ont laissé des plumes pour n’avoir pas eu sur eux, le calice réclamé par leur toubib traitant. Nombreux aussi, les malades qui se plaignent d’avoir déboursé des fonds, sans résultat.
Pire, certaines cliniques ne le sont que de nom : manque de kits, de personnel qualifié etc.
Pour tout équipement, certaines ne disposent que d’un bureau pour le toubib et d’une table, pour les injections.
S’agissant des accouchements, ils se passent dans des conditions…tragiques. Nombreux sont les époux qui ont été veuf, avant l’âge ; suite au massacre de leur seconde moitié par ces bourreaux, entendez ces bouchers.
Mais, dans tout ça, ce sont les médecins qui se frottent la blouse. Pendant que leurs malades passent l’arme à gauche, ils s’en mettent plein les poches.
C’est le cas, entre autres, de l’artiste Tata Diakité, décédée à la « Clinique Pasteur », des suites d’une amputation de la jambe. Et Fatoumata Matigui Keïta, à la « Clinique Jasmine ». C’était au cours d’un traitement, visant à déboucher ses trompes, avec de l’eau oxygénée. Depuis, les victimes à la pelle se poursuivent. Sans discontinuer.
Mais face à cette pagaille organisée, les autorités sanitaires gardent profil bas. Aucune enquête, aucun contrôle. Rien.
Pourtant, ce ne sont pas les plaintes qui manquent. Les victimes, aussi, qui n’ont plus que leur tombe pour pleurer.
En tout cas, la santé est très précieuse pour être confiée à des « assassins » en blouse. Serons-nous tentés de dire.
Car, comment appelle-t-on un médecin qui, après une intervention chirurgicale, oublie ses kits dans les entrailles de son patient ? Ou un toubib qui laisse mourir son malade, parce que ce dernier ne dispose pas de la somme, nécessaire à son traitement ? Un criminel ou un assassin ?
Jean Pierre James
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