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A la découverte de Mme Haby Diallo, Promotrice de Mali Fermiers
L’agroalimentaire est devenue de nos jours un levier important pour l’économie locale d’où l’existence d’une nouvelle génération de femmes entrepreneures. A la tête de l’entreprise Mali Fermiers, Mme Haby Diallo, passionnée en agroalimentaire a su s’imposer dans le secteur en misant sur la transformation locale et la création d’emplois. Une énergie contagieuse à découvrir dans cet entretien exclusif.
Comment avez-vous eu l’idée de créer votre entreprise ?
L’idée de Mali Fermiers est née de mon engagement auprès des femmes rurales, lors de campagnes de sensibilisation contre les violences basées sur le genre. J’ai été profondément marquée par les conditions de vie difficiles et les inégalités criantes auxquelles ces femmes sont confrontées. Elles travaillent dur, souvent deux fois plus que les hommes, mais restent dépendantes d’eux pour vendre leurs produits, avec très peu de contrôle sur leurs revenus.
En parallèle, en tant que femme active vivant en ville, je cherchais aussi des produits sains, locaux et rapides à préparer. C’est de cette double réalité qu’est née Mali Fermiers : une entreprise qui vise à réconcilier les besoins des femmes rurales et urbaines, en créant un modèle équitable, durable et innovant.
Quels sont les domaines d’intervention de votre entreprise ?
Mali Fermiers agit dans trois domaines principaux :
La transformation agroalimentaire, avec des produits naturels et faciles à cuisiner ;
L’innovation alimentaire, avec par exemple nos farines instantanées de Froufrou et de Ngnomi, des créations exclusives de Mali Fermiers. Ces produits sont uniques sur le marché malien à ce jour, conçus pour réduire considérablement le temps de cuisson tout en conservant le goût authentique ;
L’inclusion économique des femmes rurales, en travaillant avec des coopératives agricoles, majoritairement féminines.
Notre mission est de transformer l’agriculture et la consommation locale, avec des produits bons pour la santé, pour le climat et pour le pouvoir d’achat des femmes.
Comment les clients trouvent les produits de votre entreprise ?
Les retours sont très positifs. Nos produits sont perçus comme innovants, pratiques, savoureux et naturels. Beaucoup de femmes nous disent que nos farines instantanées leur changent la vie : elles permettent de préparer un plat de Froufrou ou de Ngnomi en 30 minutes au lieu de 10 ou 12 heures. Cela représente un gain de temps énorme, surtout dans les familles nombreuses.
Nos produits sont aussi très appréciés par la diaspora, notamment pour leur praticité, leur goût authentique, et le lien affectif qu’ils entretiennent avec la cuisine malienne. C’est une fierté pour nous de voir nos produits voyager et représenter dignement le savoir-faire local à l’international.
Quelles sont les difficultés rencontrées ?
Au départ, l’une de nos premières difficultés était de trouver une matière première véritablement bio, sans résidus chimiques. Cela nous a amenées à réfléchir autrement : plutôt que de chercher loin, nous avons décidé de travailler directement avec des femmes rurales en les accompagnant vers une transition agroécologique. Aujourd’hui, cela nous permet de sécuriser notre approvisionnement tout en garantissant des produits sains, et surtout, de construire un modèle de commerce équitable où nous achetons la matière première à un prix juste.
Par ailleurs, nous faisons face à des défis classiques pour une jeune entreprise :
L’accès au financement pour renforcer notre capacité de production ;
La logistique et la distribution à grande échelle, surtout dans les zones éloignées ;
Et la sensibilisation des consommateurs à nos produits innovants, qui ne sont pas encore toujours connus.
Mais malgré ces obstacles, la demande ne cesse de croître et cela nous pousse à innover chaque jour davantage pour rendre nos produits accessibles au plus grand nombre.
Quelle relation avez-vous aujourd’hui avec les autres jeunes entrepreneurs de la place et même de la sous-région ?
Je suis en contact avec plusieurs entrepreneurs au Mali et dans la sous-région. Ces échanges sont précieux pour partager nos expériences, nos stratégies et parfois même créer des synergies. Je crois qu’on peut réussir plus vite et plus durablement quand on avance en réseau. Et surtout, cela montre que l’innovation africaine existe, portée par une jeunesse créative et engagée.
Quel conseil avez-vous à donner aux jeunes qui souhaitent se lancer dans l’entrepreneuriat ?
Je leur dirais ceci : n’attendez pas que tout soit parfait pour commencer. Si vous avez une idée qui résout un vrai problème, lancez-vous petit à petit. L’entrepreneuriat, c’est d’abord une réponse concrète aux besoins de votre communauté. Restez proche de votre vision, osez innover, et surtout, soyez patients et résilients, car chaque étape compte.
Quel est votre mot de la fin ?
Je rêve d’un Mali où l’on croit plus en nos propres talents, en nos produits locaux, et surtout en nos femmes rurales. Elles sont une force trop longtemps ignorée. À travers Mali Fermier, je veux prouver qu’il est possible de construire une économie plus juste, plus locale et plus moderne, en valorisant à la fois nos traditions, notre capacité d’innovation et l’ouverture vers la diaspora qui soutient et consomme nos produits avec fierté. L’avenir est entre nos mains, à nous de le façonner avec courage, intelligence et solidarité.
Propos recueillis par Kada Tandina
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