Clôture des travaux du Parlement de la Cedeao à Freetown : LES EXPERTS PROPOSENT UNE TOILE ÉNERGÉTIQUE

Un atelier a permis de passer en revue toutes les entraves à une opérationnalisation de la transition énergétique entre les pays membres de l’organisationLes rideaux sont tombés sur les travaux de la commission mixte de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) à Freetown qui se sont achevés jeudi dernier à Freetown la capitale sierra léonaise. Les parlementaires et les experts des États de la communauté ont débattu du thème «Construire le marché régional de l’énergie pour une transition énergétique juste». Toute la semaine a été consacrée aux travaux des experts qui ont, à travers des communications, fait ressortir les acquis, les défis et les solutions pour une meilleure transition énergétique dans l’espace Cedeao. Le thème de la réunion est d’actualité eu égard aux difficultés d’accès aux ressources énergétique fiables, abordables et sûres dans la région. La session a permis de faire l’état des lieux de la mise en œuvre du marché régional de l’électricité. Évoquant le marché régional de l’électricité, le conférencier, Sie Kam, chef de division clientèle et marché au système d’échange d’énergie électrique ouest africain (EEEOA) s’est appuyé par des données de 2021. On retient de cette communication que la mutualisation des ressources d’énergie et la création du marché régional de l’électricité sont porteuses d’immenses opportunités et bénéfices.

On peut citer, entre autres, l’optimisation des investissements et des coûts d’exploitation, l’amélioration de la sécurité d’approvisionnement grâce à l’assistance mutuelle et l’amélioration de la fiabilité du système électrique avec des possibilités de partage de réserve. L’accroissement des échanges transfrontaliers d’électricité à des coûts compétitifs a été perçu comme une opportunité. Paul Charles Saffa, un ingénieur de la Sierra Leone a épluché les principaux projets énergétiques régionaux réalisés en Afrique de l’ouest. Selon lui, nous devons encore nous pencher sur l’accessibilité financière, la durabilité, la fiabilité et l’accès a l’énergie. Parmi les projets phares dont dispose notre région en matière de l’énergie il citera le projet OMVG. Cette initiative prévoit la construction d’une ligne de haute transition à double circuit de 225KV d’une longueur de 1677 km avec les sous-stations associées. Le second projet «North Core» est une ligne de transmission de 330 KV reliant Benin Kebibi (Nigéria) à Ouagadougou en passant par Zabori et Niamey (Niger). Par ailleurs, l’EEEOA et les autorités régionales du CLSG ont entrepris la construction d’une ligne de transmission pour interconnecter la Côte d’Ivoire, le Liberia, la Sierra Léone et la Guinée. Ledit projet comprend le développement d’une ligne de transmission électrique haute tension de 225 KV sur 1349 km pour connecter les réseaux nationaux de quatre pays. Il permettra la construction de 11 sous-stations, de deux centres de contrôle régionaux, de stations de transmission et d’infrastructures connexes. S’y ajoutent l’installation de transformateurs et de systèmes d’alimentation électrique et la pose de câbles de transport d’électricité. Dennis Asaré, consultant au centre d’études sur l’énergie et les ressources naturelles à Accra au Ghana plaide pour une promotion des investissements et la protection des acteurs sur le marché régional de l’électricité de la Cedeao. Selon lui, au cours des dernières années les investissements et les financements dans le secteur de l’électricité en Afrique subsaharienne se sont orientés vers les énergies renouvelables connectées au réseau et hors réseau. Les investissements du secteur privé demeurent la principale source d’investissement en Afrique de l’ouest.

Par ailleurs, les entreprises et les promoteurs de projets restent les principaux investisseurs dans le secteur de l’électricité en Afrique de l’ouest. Cependant le conférencier révèle que l’Afrique de l’ouest sera lune des plus grandes destinations pour les solutions hors réseau dans le monde. Mawufemo Modjinou de l’EEEOA s’est appesanti sur les principaux résultats du plan directeur de la Cedeao pour le développement des moyens régionaux de production et de transport d’énergie électrique 2019-2033. L’objectif de ce programme consiste à soutenir le fonctionnement du marché régional de l’électricité à travers une intégration complète des réseaux nationaux. Au terme des travaux plusieurs recommandations ont été formulées. Ainsi à l’attention des États membres de la Cedeao, les participants ont recommandé de renforcer le cadre juridique et institutionnel ainsi que les conditions économiques favorables à la mobilisation et la sécurisation des investissements dans le secteur de l’électricité. L’atelier a préconisé l’adoption des mesures législatives et règlementaires afin d’ériger en infractions pénales les atteintes aux installations des réseaux électriques, le vol d’électricité ainsi que la fraude d’énergie électrique. Les participants ont souhaité la mise en place d’un cadre juridique propice et des mesures incitatives afin de favoriser le partenariat public privé dans le développement du secteur de l’électricité en vue d’accélérer la transition vers des formes plus durables de production et de consommation d’énergie.

La Commission de la Cedeao est conviée à œuvrer à l’opérationnalisation du fonds pour le développement des secteurs des transports et de l’énergie de la Cedeao (FODETTE). Il lui est demandé d’accélérer l’adoption des textes communautaires relatifs à la gouvernance du secteur de l’énergie et renforcer le processus participatif pour l’appropriation des normes, règles et décisions par l’ensemble des acteurs du secteur de l’énergie. Le parlement de la Cedeao est sollicité pour appuyer le plaidoyer des institutions spécialisées du secteur de l’énergie pour l’adoption des textes législatifs et règlementaires et pour la mobilisation des ressources matérielles, financières et humains nécessaires à leur fonctionnement. Dans son discours de clôture, le président du Parlement de la Cedeao honorable Sidie Mohamed Tunis s’est réjoui des résultats des débats. Pour souligner l’importance de l’énergie, le président Tunis a relevé que l’électricité est pour l’économie ce que le sang est pour le corps humain. Selon lui, on ne peut pas prétendre au développement de nos pays sans une énergie fiable et abordable. Il a promis que le Parlement s’attellera à la mise en œuvre des recommandations qui doivent favoriser une meilleure transition énergétique dans l’espace Cedeao.

Envoyée spéciale

Mariam A. TRAORÉ

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