Critique de la transition : Que cherche véritablement Choguel Kokalla Maïga ?

Choguel Kokalla Maïga, figure emblématique et controversée de la scène politique malienne, suscite une polarisation constante par ses prises de position acerbes contre la transition actuelle, tout en traînant derrière lui un passé émaillé de zones d’ombre.

Un homme aux postures ambivalentes
Le nom de Choguel Kokalla Maïga évoque autant l’admiration que la controverse. Ancien porte-voix du Mouvement du 5 Juin – Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) et défenseur acharné du changement, il est aujourd’hui critiqué pour son apparente quête de pouvoir personnel. Pour ses détracteurs, il est passé du statut de symbole de résistance à celui d’un Premier ministre davantage préoccupé par sa survie politique que par l’intérêt supérieur de la nation.

Un éternel insatisfait ou une victime de ses propres ambitions ?
« Il n’y a pas de sincéromètre en politique », déclarait Choguel avec une assurance déconcertante. Cette phrase, qui résume bien les subtilités du jeu politique, illustre aussi l’inconstance de ses alliances et de ses convictions. Soutien des régimes militaires hier, opposant farouche ensuite, puis collaborateur des démocraties qu’il dénonçait, son parcours est marqué par des virages stratégiques et opportunistes.

Comment un homme ayant longuement profité d’un système qu’il critique désormais peut-il s’ériger en défenseur des valeurs démocratiques ? Ses diatribes contre certains de ses anciens alliés, même ceux qui l’ont soutenu dans des moments critiques, ajoutent une teinte d’ironie amère à son discours.

Le scandale de l’AMRTP : une tache indélébile
Durant son passage à la tête de l’Autorité Malienne de Régulation des Télécommunications/TIC et des Postes (AMRTP), la gestion de Choguel fut ternie par un déficit de 2,5 milliards de francs CFA. Bien que relégué au second plan par les urgences actuelles, ce dossier demeure un symbole de gestion douteuse et d’impunité. Peut-on revendiquer la moralité en politique avec un tel passif ?

Un passé politique tumultueux
Naviguant entre régimes militaires et démocratiques, Choguel a souvent été en quête d’une position centrale dans les arcanes du pouvoir, sans jamais véritablement s’imposer. Ses alliances changeantes et son incapacité à capitaliser sur les opportunités ont renforcé l’image d’un homme oscillant entre ambition personnelle et opportunisme.

Décrit par certains comme un « permanent insatisfait », il semble souvent en quête de revanche contre un système qu’il accuse de ne pas lui avoir rendu justice. Pourtant, les responsabilités qu’il a occupées — de l’AMRTP à son poste actuel — auraient pu servir de tremplin pour bâtir une vision constructive pour le Mali.

Une stratégie en déclin
Choguel Maïga semble nostalgique d’une époque où il pouvait s’appuyer sur l’héritage de figures historiques comme Modibo Keïta ou Moussa Traoré. Mais en combinant des idéologies incompatibles, il brouille son message et son image. Sa dénonciation des militaires pour son exclusion supposée des décisions clés de la transition reflète un sentiment de marginalisation qui semble le suivre depuis le début de sa carrière.

Un avenir incertain pour le Mali
Alors que le Mali traverse une période critique, il est urgent de dépasser les querelles d’ego et les accusations stériles. Les contradictions de Choguel Kokalla Maïga et son parcours controversé incarnent un défi pour une transition déjà fragile. Si son discours se veut celui d’un homme préoccupé par le bien commun, ses actes et son héritage contredisent souvent ses intentions proclamées.

Le pays a besoin d’un leadership uni et d’une vision claire, capable de transcender les divisions et de construire un avenir inclusif. Choguel pourrait rester dans l’histoire comme une figure paradoxale : un homme politique avec le potentiel de marquer son époque, mais freiné par ses propres contradictions et luttes personnelles.

Le temps est venu pour une nouvelle génération de dirigeants de prendre les rênes, afin de bâtir un Mali résilient et prospère, à l’abri des querelles partisanes et des ambitions individuelles.
Dily Kane
Mali24